24.7.21 Suite de l'épisode 5. Dans mes séminaires, dans mes textes aux référents en Profilage alimentaire, je prône certes des cures (contraignantes) mais j'y instille une forme de liberté, de souplesse: on adapte selon les cas, les personnes, les situations.
Je prévoyais les sorties de route en cure pour une raison psychologique simple: ceux qui "craquent" selon leurs termes ne se sentent plus coupables d'avoir abandonné leur "cure". "C'est taty qui m'a dit de". Dans les livres c'est plus difficile à exprimer, vu que l'on prend souvent le discours pour vérité absolue.
D'autres raisons aux sorties de cure. Par exemple dans mon cas de profil récalcitrant, je prévois des sorties de cure régulières, car elles me sont utiles ne fût-ce que pour tenir la distance. Je n'aime pas la contrainte. Après dix jours de cure, c'est irrésistible: je me sens enfermée dans mon propre nombril, je me sens forcée à ne penser qu'à moi, je quitte la cure. Si je peux faire des écarts une à deux fois par semaine, un jour ou un repas, je tiendrai le coup. C'est une petite incise pour les référents: cette réaction est typique des chênes/diathèses 1.
J'ai toujours senti cela. Quand j'ai commencé les premiers régimes minceur (à 58 kg pour 1.70m bien sûr, les ados sont si sots...), j'ai vite compris que seul le régime Scarsdale me convenait: 15 jours stricts, 15 jours quasi libres à mon souvenir.
Je n'oublie jamais ce type de profil dans mes écrits.
Cette fois-ci, j'ai prévu des sorties de cure pour pouvoir ressentir où la cruralgie bloque: quels muscles, quels nerfs? Car la cure est si efficace que je ne sens quasi plus rien.
J'en ai déjà fait plusieurs, début juillet, que j'ai relatées auparavant pendant la phase "Nouvelle flore carnivore".
21/7: je suis en mode carnivore à ma mode (avec oeufs et fromages, des olives, salade et concombre du jardin, quelques tomates cerise).
Je recommence une sortie, pour un jour. Pourtant pas très glucidique, ni volumineux: un peu de pâtes avec de la bolognaise maison, midi et soir. Le midi: deux petits biscuits avec mon homme, parce que. Deux oranges sur la journée.
Résultat sur mes "sentinelles" le 22/7:
Je pense qu'on peut dire que les farineux et les sucres font mauvais ménage avec l'inflammation, chez moi, ici et maintenant. Retour à la cure pure et dure. Je teste la cétose et la glycémie, là n'est pas le problème.
NB. Pour les bonnes âmes qui me suggèrent alors de ne plus m'asseoir: des muscles profonds sont comme paralysés en haut des cuisses, je ne fais pas ce que je veux, la position debout les insupporte après quelques minutes. Je pourrais ramper, vous me direz. Merci du conseil!
Effet particulier de la force d'une cure carnivore: les sorties sont plus rudes que dans d'autres cas. En l'occurence, j'ai gardé la faiblesse jusque ce 24/7, alors qu'auparavant, le retour à la cure me ragaillardissait vite en 24 heures.
J'ai une autre raison pour pratiquer des sorties de cure: depuis plus de 20 ans que j'arpente les couloirs de la nutri, je vois que la tenue longue d'un mode strict provoque des carences (enzymatiques?): le mangeur n'arrive plus à digérer ou métaboliser certains aliments. Il se dit alors "allergique" ou "réactif".
Aucune envie de restreindre mon champ des possibles dans l'assiette. Il y a une autre technique, que je conseillais en audit mais que je n'arrive pas à pratiquer: réintroduire progressivement et doucement les aliments évités pendant la cure, si elle était longue. Ce qui est le cas pour les malades graves, comme les victimes de maladies autoimmunes qui doivent parfois tenir strictement une cure pendant un an.
Quelques réflexions aussi sur la tenue stricte d'une cure ou la nécessaire adaptation à chacun, sur la base du cas de la cure carnivore -- "Carnivore code" chez le docteur Saladino, est ce que j'appelais du temps que j'auditais "la cure rosbif mayo", la seule qui ne mérite pas de livre puisque son contenu tient en quelques mots.
Les livres sont bien pratiques pour partager une autre vision du monde de la nutri ainsi que pour communiquer des codes/consignes déjà normés, à l'intention des coachs et des référents. Mais ils sont aussi bien pauvres face au réel: on n'est *jamais* face à un cas aussi caricatural que celui qu'envisagent les auteurs des cures.
Que l'on soit suivi par un coach ou que l'on pratique en soliste, il faut savoir adapter la cure à sa nature, à son état général, à son biotope perso.
Exemple par mon cas. A mon expérience, la cure carnivore est l'idéal pour un profil Tarass-Boulba (une personne sur dix?) et elle est pour tous, au même titre que le jeûne hydrique, la meilleure des cures d'éviction, bien utile chez les multiréactifs. Facile: on évite quasi tout, l'avantage sur le jeûne étant qu'elle peut être suivie longtemps et qu'on n'y perd pas de muscle. Au contraire.
Défaut: si le mangeur est réactif à certaines viandes, ce n'est plus une cure d'éviction. Mais je n'ai quasi jamais rencontré de personne réactive à toutes les protéines animales. Rarement au boeuf (était-ce l'acide arachidonique?), souvent conjointement aux oeufs (même raison). Souvent au porc (étaient-ce les amines? ou les cochonneries qu'on ajoute aux salaisons?) ou aux produits de la mer. Ami soignant, ne jamais négliger la part puissante de l'imaginaire chez les mangeurs, car la nutri est une religion et non une science: qui se dit réactif au boeuf, au bouillon, etc. l'est parfois par intime conviction et non dans le réel. Faisons confiance à votre tact thérapeutique pour discerner le vrai du faux.
Retour à mon cas perso, ce que je connais le mieux.
Je sais que ce sont au principal les farineux (tous! sarrasin quinoa compris) qui posent problème chez moi, le sucre accessoirement aussi - et au principal: certains additifs et traitements industriels, je n'ai toujours pas compris, mais je les fuis: ils me font partir en inflammation immédiate. Je ne suis plus aussi réactive aux salicylates, sulfites, oxalates, etc que je le fus dans ma pire période (+- 2000 après la RCUH).
Je déguste une tranche de pâté de campagne sur une feuille de chicon ou sur une tranche de concombre, parfois je l'enroule dans une languette de courgette cuite au four. Mais je suis bien marrie quand je veux me régaler de foie de morue (que j'adore) ou de moelle (que j'adore). Bleurks sur chicon ou concombre... Bleurks à la cuiller. Je m'autorise alors une petite biscotte de pain des fleurs (sarrasin, sans sucre), qui pèse à tout casser 5 grammes (48 biscottes pour 250g).
De même, je l'ai déjà relaté, quand je suis en groupe convivial, je ne vais pas criser sur un fond de béchamel à la farine (quelques grammes) ou sur une bouchée de dessert s'il est fait maison. L'essentiel est de partager un bon moment. Sauf allergie franche, personne n'est réactif au gramme près. En alternutrition et en "réactivités", c'est la dose qui fait le poison.
Certes la cure carnivore pure interdit au début les légumes et les fruits, mais quand je mange des viandes, il me faut un petit quelque chose d'aérien après ou pendant ce repas - aérien que je trouve dans les salades ou dans les fruits: donc fruit en dessert, parfois; donc tomate cerise en accompagnement, parfois.
La cure carnivore stricte telle que je la connais (je ne sais pour Carnivore code) interdit les laitages. Je sais mon corps très crémier. Je pratique donc la carnivore avec comté, parmesan, chèvres affinés, crème épaisse (moins de lactose que la crème fraîche; or le lactose est un sucre et mes tripes le reconnaissent comme tel).
Xième particularité: quoique je fasse depuis 2000, mon corps n'aime pas et ne veut pas de fibres. Si je veux des légumes, il faut qu'ils aient le moins de cellulose possible. Je me limite donc à la laitue du jardin, avec une belle vinaigrette maison et des jeunes oignons (du jardin aussi: quel luxe!). Et à de multiples sauces que j'invente sur le moment, à base des herbes (du jardin, vous avez bien deviné).
Il est exclu que j'ajoute des oléagineux, source de cata chez moi quels qu'ils soient, quand je suis en inflammation. Je pense d'ailleurs que là réside la limite de la cétogénique actuelle: les bonnes volontés ajoutent des pseudo-crêpes, des pseudo-desserts avec moult oléagineux. Je ne suis pas la seule à hyperréagir, je comprends que beaucoup soient déçus et passent en carnivore. Dire qu'ils auraient pu rester en LCHF sans les oléagineux, ils auraient peut-être eu le même effet. Bref, c'est leur carcasse, ils en font ce qu'ils veulent. Mais j'aime ajouter ces petites incises pour qui veut apprendre à connaître son biotope intérieur.
En outre, la cure est UN pan de mon attirail santé. Les exercices doux, le yoga ou stretching, le repos en sont un autre, le dernier étant l'éventuelle pharmacopée (que je choisirai quand on aura enfin un diagnostic). Tout focaliser sur l'alimentaire serait vain.
NB perso: je dois encore trouver une façon d'animer le poster ad hoc, utilisé dans "En finir avec le burn-out": pour bien faire comprendre la notion des 4 piliers e t de l'utilité de savoir quel levier activer et quand. La formulation actuelle ne me satisfait pas.
Vous repérerez au passage que je me base sur la dynamique yin/yang où le cercle noir dans le blanc pousse le cercle blanc dans le noir, générant du mouvement.
Et enfin, on dispose d'outils très pratiques pour paramétrer une cure, comme :
Et bien sûr les tests sanguins classiques, en labo: budget, que je n'ai pas.
J'utilise aussi un tensiomètre maison. Quand j'oublie de me reposer, quelle que soit la diète, je chute de 12 ou 11/8 à 9/6. Triste enfant de la modernité, il faut que je voie des chiffres pour me convaincre de me reposer... Pour l'anecdote, j'ai aussi un signe physique: la chair des hanches devient très froide. Mais là c'est mon homme qui me fait la remarque en cours de journée, à la faveur d'une petite étreinte. Je pourrais moi-même me palper les hanches, mais ça me sort de la tête. Bref. Je me repose une heure et bims: le courant circule à nouveau.
Je prends souvent le pouls encore, par curiosité. Toujours aussi réactive à certains aliments, pain en tête (mais pas gluten). Grrr, en plus d'être crémière à mes heures, je suis boulangère. Marrie que je suis! Je dois donc m'arranger pour être le moins possible en inflammation, même à bas bruit, car ces aliments viennent lui mettre le feu.
Pour l'instant il y a le feu à la baraque (calqué sur l'expression suisse: "il n'y a pas le feu au lac"). Exit la boulangère.