28.8.25 On peut se demander pourquoi, si le SNA est si essentiel et si la dystonie neurovégétative est si courante, on ne le mentionne pas plus souvent en séminaires et dans la presse santé. Quelques unes de mes hypothèses.
On peut se demander pourquoi, si le SNA est si essentiel et si la dystonie neurovégétative est si courante, on ne le mentionne pas plus souvent en séminaires et dans la presse santé. Quelques unes de mes hypothèses ci-dessous 1 - 2 - 3 - 4 - 5
1. Réponse simple à question simple: on n’a toujours pas trouvé d’examen spécifique ni de médicament. Pas de gain, pas d’intérêt des grandes firmes, pas d’info médiatique… La dystonie est donc un thème quasi réservé à la naturopathie et à la médecine fonctionnelle. On la repère par tact thérapeutique et par observation fine. Certains naturos utilisent des appareils de source russe qui permettent de discerner la forme de dystonie. En psychologie, l'étude du système autonome est poussée. Aux States, j'ai découvert via le net un neurologue chiropracteur (ah, ces Américains!): le docter Nathan Keiser qui travaille essentiellement sur la dysautonomie, en utilisant des machines sophistiquées pour un diagnostic précis et des protocoles de remise en équilibre. J'apprécie son pproche très rationnelle et respectueuse de chacun, sa volonté d'une vision globale plutôt qu'une focalisation sur SAMA ou une allergie.
Voir https://www.youtube.com/@dockeiser à propos de la dysautonomie.
Il est assez didactique, mais parle très vite -> freinez la vidéo. Les dernières vidéos ont le doublage actif en ligne, super! J'ai découvert chez lui tous les prodigieux outils que les neurologues de cette mouvance ont développés, pour définir les blessures individuelles.
Ce genre de praticien semble rare, même aux States. Patience, on y viendra! Ne fut-ce que parce qu'il y a des machines à vendre, les producteurs feront un peu de tintouin ;)
2. Autre raison du grand silence sur un thème si essentiel : le sujet est complexe, dans la mesure où la dystonie peut être au stade de simple d’une « instabilité autonomique », prémices d’un lâcher plus fort des organes. Elle peut passer sous le radar de qui n’est pas attentif – ce qu’on appellerait la dystonie subclinique. Disons que le corps chuchote simplement qu’il commence à souffrir, avant de crier haut et fort par une forme de burn-out ou épuisement chronique.
Je pense d'ailleurs que le succès de la théorie polyvagale (TPV) de Stephen Porges tient au fait qu'il a simplifié le thème et proposé un narratif qui permet d'exposer la dysautonomie. en termes clairs aux et parlant aux patients.
3. Au surplus, la définition d’une dystonie diffèrant entre allopathes et naturopathes, je me concentre sur cette dernière voie, qui semble plus cohérente à mes yeux: les la plupart des conventionnels considèrent que le SNA débloque à cause de la maladie chronique; alors que les médecins fonctionnels et les naturos semblent, pour la majorité, pointer la dysautonomie comme source des dérives organiques. A nouveau, merci à la TPV de venir installer dans le conscient et l'inconscient collectif ce dernier concept.
4. En outre: on voit midi à sa porte. Rien de plus humain. Illustration.
Les coachs insistent souvent pour l'exercice fréquent et la tenue de diètes strictes, ce qui constitue un stress pour le corps, qui ne sait d’ailleurs pas qu'on lui veut du bien. Il sent une agression, c’est tout. Pour le sportif lambda, ça passe. Pour une maman de 3 enfants, active professionnellement, curieuse de la vie, je ne suis pas sûre que ce stress soit de l’eu-stress ou stress positif ; ou même de l’hormèse utile. Jeanine se lève en pensant à mille choses à faire, aux embouteillages, aux horaires des gamins . Au boulot, elle est face à un N+1 hystérique, qui lui donne des délais impossibles à suivre. Son mari a une forme de déprime, qu’elle tient à bout de bras. Jeanine vit en permanence en orthosympathique. C’est un miracle qu’elle arrive à dormir !
Pourquoi ces coachs sont-ils à ce point aveugles au réel?
Mes hypothèses.
S'il s'agit de gars de type chêne ou diathèse 1 de naissance (voir xxx), ils ont une force de récupération interne remarquable et n'arrivent pas à imaginer ce que c'est de vivre dans un corps soit plus fragile, soit de type roseau (diathèse 2 de naissance), soit en stress chronique (Jeanine, tiens). Chez ces derniers, une heure de jogging demade une heure de repos dans le divan, mais le coach ne vit pas avec son client et ne voit pas cet effet "sofa".
Je décode donc les conseils des uns et des autres coachs, fussent-ils médecins, fussent-ils professeur de biologie cellulaire comme ma dernière passion, le prof’ Ben Bikman ; je décode donc selon qu'ils sont de type chêne ou roseau. On verra d'ailleurs que le roseau-type vous conseillera avec émerveillement le yoga ou le taï-chi et non le sport intense, car ce sont les mouvements qui l'ont sorti du marasme, lui.
Les profils D1/chêne ont une surcapacité à gérer les stress, car leur hormone maître est l'adrénaline. Les profils D2/roseau, à l'inverse, sont désavantagés sur ce plan.
Par ailleurs, si la vie a été douce à ces coachs lors de leur enfance, si leur équilibre nerveux autonome n'est pas compromis (Internationale des Enfants Blessés, réunissons-nous !), ils ne peuvent pas imaginer l'état de dysautonomie dans lequel peut se trouver un sujet qui était pourtant adepte de sport intensif, mais a basculé dans une faille de dystonie neurovégétative - après un accident, un choc, une maladie virale, un médicament mal choisi.
Il ne peut non plus comprendre son client qui, ex-enfant blessé, nié ou abusé par des parents inadéquats, est non seulement un petit oiseau pour le chat question gestion du stress (normal, il attend toujours la prochaine agression, vu que son inconscient ne sait pas que le parent toxique a disparu) , mais aussi ne sait même pas ce que veut dire "bienveillance". Son oxygène, c'est d'avoir mal – ce qui est parfait vu le type d’exercices d’endurance que propose le coach ; mais ce qui ne l’aidera pas à tenir la distance. Persévérer exige au moins de la bienveillance envers soi, sinon on reste dans son divan. Cet appel d’air de la souffrance est au-delà des émotions, ce sont des réflexes engrammés dès la petite enfance. Je connais quelques victimes de mon âge (70 ans). Rien ne semble venir à bout de cette incapacité à se vouloir du bien : méditations longues de type vipasana, alimentation hypersaine, eau structurée ou cristalline, etc: ça aide, un peu, un tout petit peu, mais ça ne donne jamais cet élan de se vouloir du bien.
Ces coachs et médecins commentent donc tous à partir de leur santé hors pair. C'est le cas de ce prof' de biologie très didactique et partageur, Ben Bikman, de la mouvance céto/LCHF. J'aime écouter Bikman dans ses explications pointues autour des diètes, des graisses et des glucides, tant il est rationnel et bien documenté.
Dans une des ses vidéos en collectif, https://www.youtube.com/watch?v=lppsPOEpHEM&t=800s, il veut démonter l'idée commune que la pratique d'une diète cétogène peut stimuler la production de cortisol, indiquant par là qu'elle ajoute du stress à l'organisme au lieu de le soulager.
Il analyse une étude par Volek et al. : "Body composition and hormonal responses to a carbohydrate-restricted diet Volek " https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12077732/
Hélas! N'étant pas dans un corps qui a vécu des montagnes russes de stress, un épisode d'épuisement chronique qui a duré 13 ans et une vie de femme active qui cravache, il ne PEUT pas regarder cette étude avec mes yeux. Que vois-je ? Lorsque je lis que cette étude a porté sur "twelve healthy normal-weight men", je ne poursuis même pas la lecture. Ni moi ni les personnes qui me demandaient conseil n'étaient en bonne santé, de poids normal ou de sexe masculin. Ces études ne nous servent donc à rien. D'autant plus qu'elles ne durent souvent que six semaines, comme celle-ci - durée au cours de laquelle on ne voit pas les effets indésirables d'une pratique.
Et en effet, pendant l’intervention, le pourtant admirable Bikman tourne autour du pot et n'explique pas pourquoi chez DEUX de ces hommes en bonne santé, parmi les douze participants - ce qui fait beaucoup à mes yeux - , les taux de cortisol ont crevé les plafonds.
C'est pourtant simple: si l'on voit le cortisol grimper haut, on sait que le corps essaye de lutter contre un stress majeur.
Je gage que l'équilibre autonomique de ces deux bonshommes était sur la crête, et a basculé à la faveur du stress majeur que constitue n'importe quel régime alimentaire excessif et non adapté à son profil personnel. Il se peut aussi qu'ils étaient de profil tout à fait inadapté à la céto (ça existe! ce sont les "cueilleurs"); ou que leur nature de diathèse 2 était trop prépondérante pour accepter un tel défi.
Tout ceci pour démontrer qu'on peut compléter les analyses par des pros aussi pointus que Bikman, par des observations de bon sens, dérivées d'une expérience sur le terrain - surtout quand l'observation insiste sur le fait que tous les humains ne sont pas égaux face aux stress, même imposés de bonne volonté.
5. Et enfin, parlons du régrès d'un de mes maîtres à penser: Elisée Reclus (1830-1905, un des visionnaires de l'écologie authentique). Chez lui, le régrès est la régression inévitable qui accompagne tout progrès. La plupart de mes congénères, surtout de gauche, étonnamment, sont encore empreints de l'idéologie du progrès: technique, social, médical. Inconsciemment, ils ne veulent pas imaginer que la vie moderne et le progrès ont généré une forme de dinguerie généralisée, une morcellisation intérieure, une atomisation de l'invidu au sein de la foule et mille autres formes de vie auxquelles le corps humain n'est pas adapté.
Les partisans du progrès ne peuvent donc accepter que la plupart des citadins actifs sont dans une forme de SURvie permanente, système ortho branché en permanence. Ils préfèrent nier la théorie du SNA plutôt que de remettre en cause leur idéologie.
Mon ami philosophe me tancerait: c'est trop court, jeune fille. Soit tu n'en parles pas, soit tu élabores plus finement. Mais quelle bonne idée! A toi, mon cher, tu vas me pondre trois pages sur le sujet, avec moult références philosophiques ;)