taty lauwers

cuisinez selon votre nature

en quête d'un devenir-soi nutritionnel

  Un cas d'école: aider la perte de poids en cas d'inflammation chronique

24.2.2019 A l'intention des coachs, un cas de figure, parmi les très compliqués à gérer au plan alimentaire: une amie de mon âge me demande qui consulter pour son cas perso. Appellons-la Nadine. Voici nos échanges par courriel, anonymisés.

Mail 1 de Nadine.

Tout d’abord, des bons voeux joyeux et si possible, sereins pour cette nouvelle année 2019 . Sans oublier ta créativité inaltérable ! Tu sais que je ne suis pas là pour jouer au chat et à la souris avec ma propre psyché et que je ne cesse jamais de remettre les choses en perspective , c’est-à-dire, corps et esprit, indissociables . Donc, si je désire te poser une question plus médicale, sois assurée que je m’occupe de toutes les interférences psy inhérentes à ma question.

En résumé, il s’agit de ceci : à la suite d’un gros accident de voiture (percutée par l’arrière  par un camoin), j'ai eu commotion et coup du lapin et perte de force dans les jambes ainsi qu’une fatigue abyssale encore bien présente deux mois après .  Mon médecin m’a fait faire un bon check-up et les résultats m’ont sciée : plusieurs traces d’AVC , et, plus inquiétant encore, un pic monocomial qui pourrait expliquer la perte de force dans les jambes mais pas que …Mon foie ne va pas bien non plus, selon les examens. J’ai donc besoin d’un bon coach nutritionnel qui soit le plus simple possible car mon état de fatigue est tel que je n’ai la force de rien . Qui pourrais-tu me recommander dans les parages ?

Ma réponse 1.

salut, et je répondrai à côté de la plaque selon ma bonne habitude: va d'abord voir un tout bon ostéopathe. Je te conseille le mien, au diagnostic hors pair et aux mains d'or, un vrai scanner à lui tout seul . En plus il se tient bien à sa place d'ostéo, ne dérive pas vers l'invisible si je me fais comprendre. Spécialité: ostéopathie viscérale, mais il a une vision globale et une connaissance si fine de la physiologie que je suis toujours impressionnée. Il t'orientera vers l'organe à soigner et de là je pourrai t'indiquer qui voir. (suit l'adresse)

Mail 2, Nadine.

Chère Taty, Je reviens vers toi après avoir rencontré et retrouvé l'ostéopathe bruxellois que tu me conseillais dans nos échanges précédents. Je n'avais pas pensé à lui. Il avait gardé mes fiches, alors que je ne l'avais plus consulté depuis 25 ans ! Ce fut une très bonne rencontre et je te remercie encore de m’avoir rappelé son existence .

Après mon dernier échange avec toi, les résultats du check-up demandé par ma généraliste sont tombés : les « innombrables » traces d’AVC détectées par l’IRM proviendraient non seulement d’un gène familial , mais surtout d’innombrables apnées du sommeil avec chutes inquiétantes d’oxygène . Je ne connaissais pas du tout ce type d’examen et je ne soupçonnais rien de ce problème . En fait, il semblerait que je n’avais plus de sommeil profond depuis des lustres et que donc, je ne récupérais jamais de ma fatigue . Maintenant, j’ai un masque depuis 15 jours et les apnées ont déjà baissé bien que le masque doive encore être réajusté . Ouf !! c’est un grand soulagement .

Par ailleurs,mes deux prothèses de hanches ont induit une grosse pathologie de péri-trochantérite absolument hyper-douloureuse (c’est selon l'ostéo, assez fréquent mais les chirurgiens s’en moquent !) . L’une d'elle a dû être réopérée en 2013 . Il a trouvé que j’étais dans un mauvais état. Il connaît nombre de personnes réagissant mal aux prothèses . D'ailleurs, une nouvelle échographie de ma hanche  droite hier a révélé et confirmé ce qu'il m’avait diagnostiqué: une trochantérite aigüe avec bursite .

NB TL aux coachs: lorsqu'on est confronté à un cas d'épuisement chronique, ne pas oublier dans l'anamnèse d'évaluer, outre la polymédication chronique, les prothèses. Qu'elles soient esthétiques (seins) ou pratiques (hanches), elles peuvent constituer chez certains profils une source d'inflammation à bas bruit.

D’où gros surcroit de fatigue. Tout mon organisme trinque beaucoup tant avec les apnées que avec la douleur . Sans parler du stress dans le contexte familial avec maladies chroniques que je dois aussi soigner.

L'ostéopathe a entre autres relevé des soucis dans la sphère digestive, que je te transmets si ça peut aider: gros blocage au pylore (béance hiatale de stade 3 dont le reflux est inévitable ) - problème au duodénum 1 et 2 - problème à la vésicule biliaire / sphincter d'Oddi. Comme je suis en permanence attentive à mon foie depuis mon hépatite toxique, il semble que celui-ci aille bien .

J’ai besoin de reperdre du poids afin de moins souffrir lorsque je me déplace .  Vers qui pourrais-tu me diriger pour me soutenir tout en sachant que vivre dans la douleur n’aide pas ? D’avance, je te remercie chaleureusement pour ton orientation.

Bien amicalement,

Ma réponse 2.

Eh bien dis donc, je compatis. Tu es en fer, pour tenir le coup ;) Sachant que tu travailles encore temps plein.

Avec tout ce que tu décris, je ne vois qu'un moyen de perdre du poids pour te soulager: ce fameux stop & go qui me tient à coeur (car il marque "la fin des régimes", il est d'ailleurs résumé dans "Au delà des régimes"). Tout autre système serait un stress de plus, sur un organisme qui est en lutte, et qui n'a pas tous les outils (tu lui transmettras mes excuses pour ces termes brutaux...). Je connais bien,  je vis dans ce que j'appelle "une ruine", charmante, élégante mais brinquebalante. Et pauvre en outils aussi.

Je te propose un programme en pensant aussi à tes soucis de pylore, vésicule, duodénum.

J'envisage aussi un souci de foie qui transparaît dans les examens mais ne peut être techniquement repéré par un ostéo, même quand il a des mains en or (raison de cette disparité de diagnostic entre le médecin et l'ostéo). Je confirmerai si tu m'envoies non pas les chiffres mais les normes qui ont poussé ton généraliste à indiquer que ton foie ne va pas bien:  si ce sont les enzymes comme les transaminases, tu es peut être victime de ce qu'on appelle une accumulation de graisses dans le foie. Or, celle-ci est en général produite par un excès de sucres dans le sang. Longue explication technique que je t'épargne. Ce n'est pas grave, ça se résoud assez vite, à condition de suivre le plan alimentaire ad hoc.

Dans ce cas, on voit aussi généralement des triglycérides élevés dans le sang, mais pas toujours.

Le stop & go réussit à 8 personnes sur dix, misons sur le fait que tu en fais partie.

Je te fais une forme de planning, à faire suivre à ton coach.

Tu peux te limiter au Stop & go.

Ou peaufiner: après un mois de Stop & go, que tu devrais continuer au moins six mois, si tu voulais en outre calmer l'inflammation chronique (calmer ne signifie pas l'éliminer, je suis prudente), c'est ma cure Décrochez des sucres (DS) qui te conviendrait  les jours "gras" de ce programme - mode alimentaire résumé dans "Cinglés de sucres", tableaux sur la page bonus de https://editionsaladdin.com/sucres/

A pratiquer en forme douce pour ne pas stresser: se tenir  à 6-8 U.S. par jour (pas moins que cela, tu verras le concepts d'unités sucres ou U. S. dans le livre, ou le coach t'expliquera) et ne pas tenir le système en permanence, mais faire des microcures, comme 1 semaine à la fois, une fois par mois. Les autres semaines: manger comme tu le sens les jours gras du Stop & go. Tu te concocteras un menu favori avec le coach, c'est assez facile à suivre, même en société. Après quelques mois, tu auras naturellement envie de rester à ce DS, ce ne sera plus une "cure", tu le feras alors quand ça te chante. C'est curieux, mais dès qu'un régime est imposé (par un coach ou par ton mental), il y a blocage de la part de ton partenaire, càd ton corps. On attend donc impatiemment le moment où, naturellement, on tend vers un plan alimentaire X, Y ou Z, car c'est alors le bon, ici et maintenant.

Vu ton épuisement organique, suis bien les catégories du livre: tu n'as pas tant besoin de légumes que de protéines et de graisses. Dans chaque topo, je classe les catégories d'aliments selon leur importance. tu verras que dans "Cinglés de sucres", les légumes ne sont pas les premiers. Ils sont riches en nutriments, tant positifs que poisons  (antinutriments). En cas d'épuisement, le corps ne voit quasi QUE les antinutriments et laisse tomber les bénéfices du végétal. J'ai bien retenu souci de vésicule, mais le coach choisira avec toi les graisses qui ne mobilisent pas la VB - cette dernière sera en outre soulagée de pratiquer le jour "maigre" du stop and go. Coach  qui t'aidera peut être avec du cynarol ou autre gélule naturelle, soutien de la VB. Je ne conseille en général que des coachs très, très, prudents en matière de compléments alimentaires. Car oui, hélas, les naturos deviennent comme les docteurs: polymédication en vue. Qui épuise les cas de burn-out franc.

Les jours "maigres" du programme: ne pas s'enfermer dans d'autres évictions que cette curieuse limite de calories.

Pourquoi tant de prudence? Tes hormones et tes neuromédiateurs sont en alerte rouge permanente à cause de l'épuisement et de l'inflammation. Ils produisent ce qu'ils peuvent comme défenses contre ce qu'ils pensent une agression et n'entendent rien d'autre - ou quasi. On va donc leur chuchoter à l'oreille: "c'est bon, maman est là, on peut se calmer". Enfin, tu comprends.

Ne pas viser les aliments magiques, ça tu le sais (curcuma ou autre ne sont que des grigris pour une forme de religiosité alimentaire). C'est un système global qu'il faut prendre en compte, il faut trouver les manettes pour rétablir l'harmonie.

Je ne mentionne pas l'évidence du stress permanent (psychique), car tu connais ça par coeur. Je trouve que la cohérence cardiaque trois minutes trois fois par jour est souveraine (en plus du masque anti-apnée). Si ça t'inspire. Cela peut paraître bizarre, mais ça aide à perdre du poids, car cela impacte sur ton circuit de cortisol, qui bloque la perte de poids chez certains profils.

J'élabore un peu longuement, car tu es un cas de figure que j'aimerais reprendre en anonyme sur le blog, pour mes élèves. Je changerai tous les détails, personne ne te reconnaîtra. Peu de coachs comprennent le chambard dans lequel certains d'entre nous doivent vivre.

J'en viens à la question essentielle: qui peut te suivre?  Il te faut un vieux de la vieille, car tu es un cas "difficile". (Suit mon conseil de coach, anonyme aussi). N'hésite pas à lui montrer mon projet de planning, qu'elle ait une base pour élaborer le sien. Elle n'a peut être pas l'habitude des femmes en fer qui survivent avec un petit nourrisson fragile caché sous l'armure médiévale ;)

Je précise ceci à son intention. Le sujet "perte de poids" ou "calmer l'inflammation": c'est un noeud gordien. Car les plans extrêmes comme "Décrochez des sucres" ou "Full ketone" sont hyperefficaces pour calmer l'inflammation, mais n'ont un effet minceur qu'anecdotique. En effet, tous les pratiquants reprennent du poids après des passes pauvres en glucides (Dukan idem):

  • soit dès qu'ils reviennent à une alimentation ordinaire, même ressourçante,
  • soit lorsqu'ils vivent un mégastress.

Tu as lu peut- être dans "Au-delà des régimes" que je déconseille fortement de cumuler Stop and go avec une restriction sucrée le jour gras. Pour cette raison-là.

J'en veux pour preuve mon cas: 2014, Stop and go, perte de 10kgs en 3 mois alors que depuis 2000 les manettes d'amincissement semblaient bloquées. Arrêt du stop & go. Maintien des 68-69 kgs. En 2017 (? sais plus), pour raison de santé impérieuse et hors minceur (le cerveau déglingué après une chute de trois mètres sur la tête), j'ai pratiqué 3 mois de cétogénique. J'ai récupéré toutes mes fonctions cognitives, youpie. Je n'ai pas minci, je ne rêve pas. Deux mois après, j'ai accompagné mon fils qui voulait jeûner une semaine. Résultat: j'ai repris 8 kilos en quelques mois!

A force d'écouter et de lire des témoignages, je sais depuis longtemps qu'on reprend du poids quand on pratique la cétogénique/full ketone ou qu'on jeûne, mais dans ces deux cas, le risque de reprise de poids pesait moins que les autres impératifs, comme par exemple accompagner le gaminou. Je pourrais certes repratiquer le Stop and go pour revenir à 68 kgs, mais ma silhouette m'importe si peu que je ne trouve pas la motivation.

Complication supplémentaire: les organes chez toi doivent être en sérieux burn-out/épuisement, à force de lutter. Dans les cas de franc épuisement chronique, des filles peuvent jeûner et ne mincissent même plus. Les madones, donc, selon la classification que je reprends dans mon livre. On doit envisager que tu es peut-être dans ce cas.

Le noeud gordien chez toi est d'arriver à la perte de poids pour te soulager tout en calmant l'inflammation chronique. Raison d'être du mélange des genres que je t'ai proposé.
Ce billet s'adresse aux coachs formés par Maya Dedecker et Gabriella Tamas, qui connaissent les multiples cures que je propose dans les topos et savent qu'il faut individualiser et temporiser. Ce cas me semble un bon exemple du doigté indispensable en audit nutritionnel. Ce n'est évidemment qu'un cas de figure, sans projection dans le futur (impossible à faire, puisqu'on ne sait comment l'organisme et le psychisme de Nadine vont réagir). Je me trompe peut être du tout au tout dans ce cas concret, mais c'est au moins une piste de départ. A peaufiner à deux, le coach étant souvent indispensable puisque, quand on est dans la bouteille on voit rarement l'étiquette. D'autant plus qu'on est épuisé à ce point. Le billet se trouve dans le blog "En finir avec le burn-out" plutôt que les régimes ou décrochez des sucres, car je pense que dans ce cas-là, la source est l'épuisement chronique des organes plutôt qu'une glycémie instable.
   Voir les échanges (page 2)