taty lauwers

cuisinez selon votre nature

en quête d'un devenir-soi nutritionnel

      Comment j'auditais – le coaching p. 2

    billets à l'intention des praticiens de la nutri

Ce document est un premier jet pour un des chapitres d'un prochain tome à paraître, à l'intention des auditeurs (rédaction hiver 2014).


voir la métaphore ampoule/interrupteur

La bulle

Vous connaissez ce phénomène de « la bulle » : le coach doit rester dans sa bulle et ne pas s'imprégner des douleurs, des conflits de la personne auditée. Je ne peux vous aider à développer la technique ad hoc, il en existe plusieurs, que vous trouverez chez les naturos en général.

Du côté de mon psy

Bien entendu, j'envisageais l'environnement psychique, ce qui ne ressort pas du questionnaire, mais bien de l'entretien. Si la personne est en train de soigner sa vieille mère malade en plus d'être attentive à sa famille et de travailler…. Si la personne est en train de farfouiller son passé en psychothérapie et passe des moments douloureux…. Si le mari lui pourrit la transition alimentaire… ça change toute la donne ; il alors est presqu'illusoire d'attendre un effet de la transition. Il faudra commencer plus tard.

Au passage, le fait d'être coach ne fait pas de moi une psychothérapeute (ni le fait d'avoir passé ma vie chez les psys). Si je prends en compte les éléments invisibles que je viens de mentionner, c'est non verbalisé. Je n'amorçais jamais la pompe à émotions; sinon je tombais dans le piège du « psy de comptoir ». Les trois-quart d'heure d'entretien devenaient du temps de partage par l'audité, je n'y obtenais aucune info sur ce que je pouvais entamer au plan alimentaire.
C'est un des grands défauts dans notre domaine de créatifs culturels: on partage, on écoute, on compassionne... et on se prend pour Françoise Dolto! Le discernement est de mise. Le mangeur me consultait pour la nutri, je réponds sur ce ton-là. Tout ce que je percevais par mes capacités d'empathie restait privé. Je le gardais pour moi.

Certaines auditées sont des spécialistes de cette manœuvre: elle m'entraînaient sur le terrain psy alors qu'elles venaient à un entretien nutri. Evitement de la confrontation avec le réel, refrain connu. Je les ai systématiquement rencontrées dans le profil des « candidoses/canari » (toutes ne le sont pas, bien sûr).
Elles (eh oui, je n'ai jamais eu un seul homme qui manoeuvrait ainsi) prennent rendez vous pour autre chose qu'un résultat concret, comme de nombreux cas de fibromyalgies. Je ne peux analyser leur motivation, mais ça ressemble à « au moins reconnaissez que je suis malade » sans aucune volonté de s'en sortir. Il faut pouvoir le déceler à temps. J'y répondais par « je ferai tout mon possible pour vous aider si vous vous donnez vous-même les outils pour vous en sortir ; je serai encore là dans quelques années quand vous serez mûr pour faire le pas ».

Pour s'en sortir lors d'un entretien avec une « personne à fouillis », je propose de fonctionner avec des fiches à thème : le cholestérol, les régimes, le gras, les saturées, etc. Dès qu'elle s'emballe sur du psy, je saute sur ma fiche technique et je la canalise dans du concret.

Je semble assez dure avec ces cas de « candidoses/canaris » mais sur la centaine que j'ai vues en entretien, aucune -- je dis bien aucune -- n'a accepté la réforme que je proposais. Toutes ont voulu continuer avec le « régime anticandida ». La seule qui a testé mon approche (avec succès d'ailleurs) n'est pas une auditée, c'est une amie médecin qui n'en pouvait plus de son urticaire géant. Et encore ! Après trois semaines, elle est retournée à ses anciennes habitudes (et à son urticaire) tant ma solution lui semblait impossible à suivre sachant ce qu'elle avait appris en séminaires de naturopathie. Je lui avais fait pratiquer un régime qui n'a rien à voir avec ce qu'on apprend en naturo...

NB 2016. xxrosbif mayo

Le coaching demande qu'on ait une certaine finesse d'approche, celle que vous avez décelée chez votre psychothérapeute par exemple. Il attend patiemment le onzième rendez-vous pour poser la question qui bascule, celle qui touche à l'essentiel de votre problématique, alors qu'il l'avait vu grand comme un immeuble le premier jour. Mais vous n'étiez pas prêt à affronter cela le premier jour.
Pareil pour le coach : il doit sentir ce qu'il peut dire quand à qui, sous quelle forme. Lorsque je pratiquais les audits par correspondance, j'envoyais par après systématiquement la personne chez un coach, pour le suivi régulier. Sous cette forme par correspondance, je pouvais me permettre une certaine rudesse puisque ceux qui arrivaient jusque là étaient des supercourageux (tout se faisait par écrit, à distance).  Malgré cela, pour certains, j'attendais de voir quel coach ils avaient choisi et je soufflais au coach les choses trop dures à dire en direct.

Jugement/discernement

Dans votre pratique de coach, êtes-vous prêt à analyser sans émettre de jugement de valeur? Lorsqu'on est confronté à des personnes qui ne mangent du matin au soir que des tartines de pain blanc au nutella, il faut pouvoir compatir sans juger.
Je raconte ici un cas particulier intéressant, que j'ai vécu en entretien culinaire. La dame ne mangeait rien d'autre que des tartines de pain blanc au nutella, sauf le soir, avec ses enfants. Je pensais ruser, j'ai demandé ce qui suit : que le matin elle continue le nutella, mais que la collation de 10h et de 16h soit une pomme tartinée de purée d'amandes à la poudre de cacao (ce qui me semblait proche du nutella, en version ressourçante) et que le midi soit composé des restes de la veille au soir additionnés d'un œuf, avec une tartine nutella en dessert. Ça me semblait peu à changer, je ne demandais même pas des nourritures vraies ou du bio. Quand j'ai croisé son médecin lors d'un colloque, elle lui avait résumé : « oh, c'est vraiment trop dur avec Madame Lauwers, c'est impossible à suivre ». Je compatis toujours, et si je pratiquais encore les audits, je l'attendrais avec patience dans un an ou deux. Ce n'était pas le moment, ni le lieu. C'est tout.

J'arrivais à ne pas juger, mais j'avais encore des soucis de posture quand je voyais des enfants « canaris » si dysnourris par des mamans bienveillantes (que ce soit de la malbouffe classique ou du bio végé sans gluten sans caséine, les deux systèmes aggravant les canaris). Je devais  prendre de bonnes inspirations, bien me centrer pour ne pas basculer.

De la même manière, il est hors de question pour un coach d'émettre un jugement vis-à-vis de thérapies que suivrait l'audité et qu'on estime mal ciblées.
Quel travail, hein ?

Le coach ne doit pas juger, mais il doit avoir une sérieuse capacité de discernement. Exercice très difficile, car les capacités de discernement découlent précisément de l'esprit critique! Il faut donc garder la part positive de ce talent.
Parfois on reçoit un tel fouillis d'informations de la part de l'audité qu'il faut bien trier. Parfois on est face à un simulateur. Très rares (et non pas si fréquents que le disent les thérapeutes qui ne comprennent pas les canaris, les électrosensibles et les personnes en surpoids), mais présents. Là, je n'ai pas de solution à proposer. J'ai reçu de la vie un nez à mensonges. Je n'ai pas un nez à parfum, je ne goûte pas les ingrédients cachés d'une recette, mais je sens très vite quand on ment.
Je vous souhaite de pouvoir développer le discernement plutôt que l'esprit purement critique.

Place juste des aliments comme remèdes

Je commençais quasi chaque premier entretien par le même laïus : sur qui j'étais, comment je pouvais les aider techniquement, l'engagement que je leur demandais.

Je précisais ma posture: je ferai tout mon possible pour vous aider si vous faites de votre mieux pour vous passer de moi. Je ne voyais d'ailleurs les audités que deux à trois fois.

 

J'insistais surtout sur le fait que la réforme alimentaire était essentielle en venant du grand n'importe quoi ->  mon laïus sur l'impact des nourritures vraies.

Je précisais aussi, dans des cas de pathologies lourdes, que la cure alimentaire dure n'est pour moi qu'un dépannage en attendant que le thérapeute trouve la source originelle. Cette béquille peut devenir permanente si on ne trouve pas l'élément perturbateur. Je rappelais que l'assiette réformée est un adjuvant pour magnifier les effets de la thérapie principale (méditation ou sophro etc) et qu'elle est essentielle pour prévenir une rechute. Les nourritures vraies ou quasi sont une des clefs essentielles dans le retour à soi, le respect de soi.



Lire la méditation sur la métaphore de l'ampoule, du courant et de l'interrupteur, extraite d'un de mes livres. En images (infographie).
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