taty lauwers

cuisinez selon votre nature

en quête d'un devenir-soi nutritionnel
  

La Pythie vient en mangeant: lutte de systèmes

11.1.21 Ou début d'amorce d'entame d'un éclairage "La lutte des Titans" . Je ne sais quel ange m'a dicté dès mars que nous étions enfin dans un lutte ouverte de pouvoirs, au pluriel, selon ce qu'entendait Michel Foucault: non pas des luttes entre hommes, mais des luttes entre systèmes. Et dans une mise en scène de "qui peut dire la vérité", toujours selon la vision du même philosophe.

Répertoire "non-food" de ce site. Je mets ma casquette de Jiminy Cricket, comme pour le dossier à charge contre les Gafam. Je transfère certains des billets écrits en brouillon sur les réseaux pendant le confinement.


Je ne sais quel ange m'a dicté dès mars 2020 que nous étions enfin dans un lutte ouverte de pouvoirs, au pluriel, selon ce qu'entendait Michel Foucault: non pas des luttes entre hommes, mais des luttes entre systèmes. Et dans une mise en scène de "qui peut dire la vérité", toujours selon la vision du même philosophe. Ces luttes existent depuis toujours, mais ici elles se font à terrain ouvert, en direct, avec commentateurs agités à gauche et à droite - sans qu'aucun n'ose dire l'enjeu réel. Et comme d'habitude, les généraux sont au chaud dans leur tente, en haut de colline et c'est le péquin qui morfle, au milieu du vacarme, des cris et de la fureur.

Je me fais péquinologue et péquinophile.

J'ai donc quitté ma plume classique d'auteur de conseils culinaires et de nutrition, dans des livres où je ne fais que refléter une posture autonome et souveraine, sans argumenter, sans exposer clairement mes intentions. Et je prends le maquis des infos pour aider mes congénères (et moi-même au passage) à comprendre ce qui se joue depuis mars 2020. Je pense qu'on ne comprend ce qui se passe que si on accepte que se déroulent des luttes de pouvoir symboliques excessivement violentes à l'heure actuelle.

Il est illusoire de vouloir raisonner avec nos arguments rationnels habituels. Comme «On vit avec les virus depuis des millions d’années. C’est grâce aux virus que notre système immunitaire est la formidable machine de combat que l’on a aujourd’hui.» Ou « Je ne comprends pas la diabolisation de deux médicaments : l’hydroxychloroquine (#Plaquenil) et l’Azithromycine. Ce traitement est banal. Si vraiment ces médicaments étaient dangereux on le saurait depuis longtemps.» Ou «Les groupes vulnérables au #covid sont les groupes sociaux économiquement défavorisés, ce sont les plus pauvres, ce sont ceux qui vivent des des conditions de logement qui sont nettement moins adaptés». Ou « Toutes les mesures prises par le gouvernement entraînent déjà des problèmes supérieurs aux bénéfices qu’elles peuvent apporter». Etc etc. (Ce paragraphe est une pub déguisée pour BAM! Belgian Alternative Media, où j’ai puisé ces phrases - https://bam. news).

Car nous ne sommes pas en guerre de logique mais en guerre de pouvoirs. C'est là que la tentation du complot intervient: on voudrait croire qu'il y a là de l'organisation, de la stratégie. En réalité, il faut voir ces luttes comme les Grecs anciens voyaient leurs dieux: c'est une lutte de titans, disons. Il n'y a pas de complot, même s'il y a des profiteurs de guerre comme toujours. Ce sont des systèmes qui se font la guerre, systèmes de pouvoir pour qui l'humain est de la roupie de sansonnet, comme cela fut toujours le cas. Voir les gueules cassées de 14-18 et l'horreur de la vie en tranchées, pour ne revenir que peu en arrière.

Vouloir raisonner les tenants du pouvoir n'a pas de sens: je reviens à Foucault, que j'ai déjà proposé d'écouter en conférence dans Chassez le diable, il revient toujours au galop, ce ne sont pas les mots qui comptent, ni la vérité, c'est le fait que seuls les puissants, surtout quand ils ont peur, ont le droit de dire la vérité. Qu'elle soit incohérente, branlante, importe peu.

Lors du prochain dîner en ville, vous mentionnerez "la véridiction", cela fait très chic. Ce terme, créé par Foucault, qualifie le fait de dire une vérité qui est vraie suivant la vision du monde d'un puissant, plutôt que vraie objectivement. Comme les rois antiques, les élites ont leurs oracles, qui ne s'expriment plus assis au-dessus d'une colonne de fumée, mais on n'est pas loin question cohérence. Le principe: l'oracle a parlé, le péquin doit opiner. Quiconque met en cause la parole divine de l'oracle passée par la personne du roi, doit être châtié (ici exclu de la communauté pour "complotisme"). On ne comprend pas la chasse aux sorcières, l'exclusion des formidables Perronne et Sacré, si on ne voit pas la véridiction des puissants à l'oeuvre.

Dans ces luttes inconscientes et symboliques, il n'y a plus de logique qui tienne. C'est si complexe que j'ai préféré axer le discours depuis mai 2020 sur "hallucination collective", qui parle un peu mieux. Un jour, j'arriverai à rédiger ce billet qui dit mon intuition profonde sur ce sujet. Ceci n'est que le brouillon.

Le port du masque obligatoire, même en forêt, n'était et n'est que la marque de l'obéissance à ce pouvoir qui se sait chancelant, qui sent qu'il perd les manettes d'action sur les citoyens.

C'est moins violent que les brutalités policières, qui sont l'autre outil pour essayer de sauver ce pouvoir qui file entre les doigts, mais c'est aussi UNIQUEMENT un acte de confirmation de son pouvoir. Ou de rassurance: dites-moi svp que vous me suivez, j'ai peur tout seul dans le noir, pensent les élus. Que tant de gens portent le masque me rassure sur mon pouvoir. Je pense que nos gouvernants n'en sont pas conscients, ou alors je me trompe sur leur culture générale et philosophique en particulier (y compris celle d'un Macron, qui se prétend philosophe mais qui a tout du stagiaire de première année, comme le disait Emmanuel Todd je crois). Surtout quand une ménagère de plus soixante ans arrive à le déshabiller de ses atours fictifs.

On est en plein dans les arcanes du biopouvoir tel que le définissait Michel Foucault. Pendant des années, on m'a conseillé sa lecture. En vain: je n'y pigeais que pouic. Désormais quasi tous ses cours sont en ligne. Et j'ai enfin compris! Tout intervenant du monde scientifiques, médical et psychiatrique en particulier, devrait écouter ses cours sur le sujet du Biopouvoir, au Collège de France. Ils sont disponibles en téléchargement libre sur https://freefoucault.eth.link/ Par exemple "Le pouvoir psychiatrique", cours de 1973-1974 , dont je ne reprends pas la description sur le site, car elle freinerait l'internaute par sa difficulté de lecture. Amusant, ils relayent Foucault, si passionné de l'exclusion, et rédigent comme pour exclure celui qui n'est pas philosophe patenté.

Bref. Je pense que l'écoute des cours de Foucault est à la portée de tous, à condition de les suivre en connaissance de soi: si l'on ne connaît pas grand chose en philo, partir du premier cours de la série. Sinon, picorer parmi les 12 cours. De toute façon, écouter le crayon en mains car vous êtes là face à l'un des grands penseurs du XXè siècle, une intelligence des étoiles. S'il faut choisir, écouter sur notre sujet du "pouvoir médical et scientifique" le cours nr 10 de la série ci-dessus. En fin de cursus de médecine, ce cours devrait être inclus, afin que nos nouveaux prêtres et nouveaux oracles (car c'est bien ce rôle-là qu'ils prendront dans la société) apprécient exactement la portée de leurs actes, de leurs non-actes, de leurs décisions. Ils sont l'un des fers de lance du pouvoir sur le citoyen.

PS. Pardon à l'âme de Michel Foucault de réduire ainsi la portée de son enseignement: mes quelques paragraphes ne peuvent que tronquer sa pensée. J'espère avoir ouvert la porte à un questionnement qui portera à le lire. Je me suis permis de faire référence à cette étoile car je n'ai pas trouvé à ce jour un billet par un pro, qui dise le fond de ce que je décode de la crise (car je suis une Pythie à mes heures, voyez).

Echanges internautes

Je reprends parfois des échanges avec des internautes sur fb, histoire de garder de quoi élaborer un autre billet qui me tient à coeur.

Un internaute sur fb:

C'est un discours paradoxal que vous me semblez tenir là. C'est inconscient mais pas tout à fait. C'est un complot sans l'être. C'est tout et son contraire en somme. J'ai lu Michel Foucault (en livres, je me ferai maintenant le plaisir de l'écouter - merci) et n'ai pas trouvé chez lui cette ambiguïté. Il est structuraliste, comme l'était Claude Levi-Strauss avant lui, défendant l'hypothèse que 'des structures' nous gouvernent de manière plus ou moins inconsciente. On peut les appeler Titans ou Dieux, certes, mais, il est patent qu'à la plupart des archétypes (inconscients, virtuels) correspondent des stéréotypes sociaux qui les représentent plus ou moins bellement (et qui sont conscients, réels). Et c'est à ces 'représentants' que l'on a à faire. Bref, c'est kif ... Car ce qui est caché se voit révélé pour celui qui sait voir. Et 'ça voir' que l'acteur est mu par un scénario dont il n'a pas conscience peut satisfaire le philosophe, certes, mais cela change peu pour ceux qui en sont les victimes objectives, eux-aussi acteurs de cette 'pièce' dans laquelle ils se sont trouvés emberlificotés par 'les hasards de l'histoire'. S'il s'agit de Titans, l'issue nous est connue : ils perdront face à 'la raison' que représentent Zeus et les siens. S'il s'agit de 'dieux', il faudra faire appel à des dieux plus anciens qu'eux (Pan, 'la nature entière'?) pour les vaincre.


TL

c'est très conscient au contraire! car la vie n'est qu'un paradoxe. Je fais parfois Hercule Poirot parfois Miss Marple. La différence? Poirot ne donnait jamais ses clefs, il faisait travailler ses petites cellules grises et exposait le criminel à la fin. Miss Marple exposait ses théories tout au long.
Par ailleurs, je fais prof' depuis toujours: j'expose diverses théories, qu'on attrapera selon ses affinités. Et je suis comme tout le monde, j'instrumentalise cette crise pour inviter mes amis et lecteurs à lire ceux qui m'ont inspirée.
Ceci dit, on ne comprend mes billets qu'en lisant tout le dossier (personne ne le fait, je le sais bien, mais il est là pour qui veut une vision synthétique https://taty.be/articles/CVD_blog.html).
Un système dérive, et des profiteurs de guerre sont aux aguets. Ce n'est pas tout et son contraire, ce qu'on me reproche depuis le début dans la mouvance antifa. C'est une vision à 360° et je la revendique.
Je n'appelle à lire Foucault que pour décoder non pas de l'intérieur, mais de l'extérieur, en dessinant les rapports de pouvoir. Pour le reste, ma parole se veut réaliste, pragmatique, concrète, persque Gestalt.
A seconde réflexion, merci de votre intervention, elle me permettra de préciser un élément clé de mon dossier, comme de tous mes dossiers qu'ils soient sur le site ou en forme de mes nombreux livres.
Je suis confrontée depuis des décennies à ce schisme: je devrais penser selon une école, selon une ligne de pensée, avec conclusion ferme. Des camarades en nutrition: "tu n'as pas le droit d'écrire cela, Kousmine (ou X ou Y) ne le validerait pas". Si je n'ai pas reçu ces commentaires mille fois, je ne les ai pas eus une fois.
Dans mes séminaires, j'utilisais la comparaison du train: comme si mes interlocuteurs enseignants ou penseurs avaient choisi un train (tiens, je prends Kant; ah non moi je préfère Levi strauss - ou la paléo ou le végé pour la nutri.. etc) et qu'ils y naviguaient entre les wagons mais sans quitter le train. Le train, les copains, le patron: tout le toutim qui rassure.
Je peux par exemple être très rationnelle, très sceptique, et pourtant ne pas valider la mouvance zététicienne qui prétend l'être aussi. Parce qu'ils fonctionnent comme une secte, avec gourous, mantras, sillons préétablis. Kfoui! Pas de ça chez moi, Jeannette.
Je revendique creuser mon propre sillon, sans être une penseuse, ni une philosophe (aucune prétention sur ce plan, quand j'ai des questions j'interroge des amis penseurs). En nutrition comme en covidozizanie. L'ensemble est très cohérent, mais pas si l'on pense en "trains" de pensée.
Je peux manger carrément végane un jour puis carnivore le lendemain: so what?
Je continue dans un billet ad hoc, car je suis presque sûre que certains de mes lecteurs partagent cette façon de fonctionner. Qui, à mon avis, sera une des voies de sorties des systèmes enfermants qui nous ont mis dans la mouise

internaute:


Je ne cherchais pas à vous démonter. Je croyais que vous faisiez dire à Michel Foucault ... ce que vous me dites maintenant : votre point de vue personnel! Que j'embrasse d'ailleurs volontiers. Mettons que je ne pense pas tout à fait comme vous mais pas loin. Et, si le coeur vous en dit, je vous invite à visiter mon blog www.mantika.world ☺

 

Titans aux abois et fichage organisé

Si vous avez capté ce que je tente de faire passer ci-dessus sur la lutte des titans, vous lirez d'un autre oeil ce billet de l'incontournable Pierrick Tillet "Le fichage, pulsion de défense (inutile) des puissants aux abois": -> https://yetiblog.org/archives/29183 ( 2023: lien mort, blog disparu)

"On fait beaucoup de cas aujourd’hui – à tort me semble-t-il – des entreprises de surveillance généralisée mises en place par des pouvoirs bousculés : fichiers policiers en tout genre, données personnelles recueillies via les réseaux sociaux, censures tatillonnes…

Les condamner et s’en indigner est parfaitement justifié. Mais il ne faut pas non plus tomber dans la paranoïa tétanisante. Cette volonté de ficher où le ficheur croit dominer le fiché date de la nuit des temps. Il était en pratique dans le village de mon enfance où chacun cherchait à tout savoir de la vie de chaque autre.

En réalité, les ficheurs ne dominent que les faibles à qui ils foutent une sainte trouille. Les forts, eux, sûrs de leur fait, se fichent de savoir qu’on sache tout de leurs opinions politiques (qu’ils étalent sans complexe), de leurs actions subversives (auxquelles ils n’entendent pas renoncer malgré la surveillance), ni même de leurs pratiques sexuelles ou autres petites manies personnelles.

Le fichage compulsif est souvent le signe de l’effondrement d’un système pourri.

Aucun fichage n’est jamais venu à bout des individus déterminés ou des groupes résolus. Les fichages des policiers de l’Ancien régime n’empêchèrent pas la Révolution de 1789. La Gestapo n’est pas venue à bout de la Résistance, la NSA états-unienne et toutes ses ramifications de renseignement européennes sont incapables d’enrayer le moindre attentat terroriste… ou la moindre action subversive déterminée.

Pire, la manie de fichage généralisé vient d’une pulsion de défense maladive qui frappe les puissants aux abois. Cette pulsion compulsive est le signe d’effondrement d’un système pourri. Lorsque l’empire soviétique commença à se disloquer pour finalement disparaître, jamais le KGB n’avait possédé autant de fiches sur sa population. Une somme si monumentale qu’elle en était d’ailleurs inexploitable.

Certains évoquent à l’inverse l’exemple de la Chine, présenté comme un modèle de verrouillage de masse. Mais c’est une erreur. La Chine ne procède pas par fichage policier généralisé, mais par auto-contrôle de la population par la population elle-même. Une amie qui vécut deux années durant à Pékin, dans un quartier chinois et non dans une dans ces résidences réservées aux étrangers (généralement des hommes d’affaires occidentaux aussi aisés que non-regardants), raconta comment la surveillance était établie par un système de quadrillage organisé avec l’assentiment et même la participation de la population : chef de quartier, chef d’immeuble, garde d’ascenseur… (Pluie argentée, Élizabeth Qi-Guyon, éditions du Reflet et Babelio).

Mais heureusement – malheureusement pour les ficheurs compulsifs – nos pays occidentaux ne relèvent pas d’une tradition collective aussi autoritaire et disciplinée. La délation y est un phénomène anarchique. Le fichage généralisé y reste une action vaine, y compris pour les ficheurs, pas plus capables d’exploiter leurs fichiers bouffis que nos autorités sanitaires d’acheminer des masques barrières ou d’administrer un vaccin."


 

Voir le chapitre "Une collision d'opportunismes" - voir la table des matières du dossier

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