14.9.2022 Le "régime méditerranéen" tel qu'il est testé dans les études cliniques est un concept-valise, car chacun y met ce qu'il veut. Il n'y a pas de définition claire.
Le "régime méditerranéen" tel qu'il est testé dans les études cliniques est un concept-valise, car chacun y met ce qu'il veut. Il n'y a pas de définition claire. Pour l'un c'est augmenter les monoinsaturées versus les saturées, ajouter des légumes et fruits frais (une surprise pour une partie des participants à l'étude), intégrer du vin rouge plutôt que de la bière ou du coca, ajouter des légumineuses, choisir des céréales plus complètes, réduire la viande pour la remplacer par du poisson (on rigole! vous connaissez les doses de viande en Italie et en Espagne? dans le Sud de la France? même il y a cinquante ans, avant le délire?). D'autres réduiront au minimum la consommation de laitages (tiens, pourquoi? ). Ou alors privilégieront la consommation de laitages pauvres en gras ou sans gras (ce qu'on ne trouve qu'en version ultratransformée, contre-productif, non?). Les derniers proposeront aux participants un régime semi-végétarien, riche en poissons, laitages légers et légumineuses.
Ci-dessous un exemple de pyramide qui paraît si claire. Quel piège de vouloir tout transmettre en images, je peux passer deux pages à vous commenter en quoi ceci n'est PAS le régime méditerranéen à l'ancienne, celui qui est garant de la meilleure santé.
Même dans le dernier livre du dr Michel de Lorgeril (printemps 2022), un auteur que j'apprécie pour sa rigueur, il vante le régime méditerranéen sans le définir précisément ("Comment échapper à l'infarctus et l'AVC"). J'ai lu cet ouvrage une fois, en diagonale (lectrice rapide). Je vais le relire, le crayon en main.
Ce régime méditerranéen (MedDiet): une belle soupe ! En tout cas pour un esprit rationnel et logique comme celui de votre servante.
Le seul point commun entre tous ces MedDiet dans les études que j'ai parcourues est qu'ils limitent les sucreries et sucres ajoutés, les farines blanches, les aliments hautement transformés. J'ai même vu des études sur animaux où ils comparaient la MedDiet sous la forme d'aliments frais versus la bouillie en poudre habituelle qu'on donnait aux rongeurs.
Au passage, je n'ai jamais lu un mot sur l'évitement des graisses trans artificielles, alors que c'est une des clefs des régimes à l'ancienne.
Une revue de ce concept (dans https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4663587/) repère une variation considérable de la quantité de composants d'une MedDiet. Selon les études, "la consommation d'huile d'olive variait de 15,7 à 80 ml/jour, les légumineuses de 5,5 à 60,5 g/jour, les légumes de 210 à 682 g/jour et les fruits et noix de 109 à 463 g/jour . Une différence de 5 fois dans la consommation d'huile d'olive et de 10 fois dans la consommation de légumineuses pourrait avoir des implications significatives pour le risque de mortalité spécifique et toutes causes confondues. "
La solution préconisée: définir la MedDiet en nutriments plutôt qu'en aliments. Oh, le piège! Des chercheurs dans le virtuel, encore une fois. Le résultat d'une analyse de nutriments biochimique, en boîte de Petri, ne peut en rien prédire le devenir de ces aliments dans le corps de Jean ou de Jules. Allez, les gars, revenez sur le terrain, observez avec nous et vous verrez que, bien que le pain complet apporte les nutriments voulus, ceux-ci passent sans être métabolisés correctement chez Jules, là où Jean connaît une nouvelle vie depuis qu'il achète du pain complet.
Cette limite de la solution "nutriments" est encore plus flagrante quand on évalue les doses de lipides en leurs micronutriments, selon la classique répartition en saturées, mono et poly. Mais quelle fatigue! Quand je dis que la nutrition est quasi une religion, en tout cas pas une science, j'en ai des confirmations tous les jours. Toutes les études utilisent cette répartition sans la questionner. Pourquoi? Parce qu'ils sont des croyants, tiens, tout simplement. Ils croient à leur propre doxa.
Qui sait si la force de l'huile d'olive en prévention MCV ne tient pas plus à sa teneur en vitamine E, plus qu'à son contenu en monoinsaturées? Qui ose comparer la teneur en lipides d'un porc d'élevage à l'ancienne avec celle d'un porc martyre? Les études qui ont évalué la qualité de leurs lipides, en vitamines et en types de lipides, sont édifiantes. Lors de la parution de mon livre "Pour qui sonne le gras", qui envisage l'inanité de cette classification habituelle des graisses, avec un tableau ad hoc, le seul journaliste qui m'a contactée a demandé de pouvoir relayer précisément ce tableau-là. Ah, quand on est dans la croyance, hein?
A mon petit niveau, à l'intention des lecteurs qui veulent bien donner une chance à mon approche, j'ai réagi à cette religiosité de la nutrition officielle par mes "topos" sur la nutrition. Le coeur de la collection s'intitule "Nourritures vraies" et propose aux amateurs de tester sur eux l'effet d'une alimentation revivifiée, au-delà des prières en choeur. J'invite à choisir l'un des trois modes que j'ai repérés: omnivore, semivégé et pur végé (pas "végane", je suis une pro du domaine, voyons, je ne conseille pas des régimes de dé-nutrition).
Et à les pratiquer sérieusement quinze jours. Pour voir.
Dès que l'on a compris cette approche, par la pratique (qu'on l'a engrammé dans ses propres cellules, en gros), il n'est pas difficile de passer au troisième critère de cette "Assiette ressourçante": la pratique de drainages réguliers. On passe quinze jours de temps en temps sans gluten, sans laitage, sans viande ou sans poisson - au choix. Ou on pratique un jour de jeûne par semaine. Les options sont infinies, le thème est frugalité passagère.
Je ne suis pas fan des media, je ne suis plus du tout fan des vidéos (ça passe et puis on oublie), je continue mon petit travail dans la mine en éditant en séries limitées mes livres. Sans pub, sans promo, je continue à vendre les 27 livres de la collection depuis 24 ans.
Je devance l'astucieuse remarque de lecteurs: 27 livres pour exposer un concept qui tient en trois clefs? La moitié du lot sont des livres de recettes pratiques, essentiellement pour les novices débordés et fatigués, ceux que j'appelle "les Jules". L'autre moitié sont mes topos, soit pour les profanes, soit pour les experts, qui creusent un sujet particulier de la santé dans cet angle de vue: un régime bien mené peut être salvateur, mais s'il contient des exclusions ou des normes dures,, on ne le pratique que quinze jours à la fois. Disons que je brode des variations autour d'un thème (ce que font tous les auteurs, si on y réfléchit bien). Parfois un angle d'éclairage ne dira rien à un lecteur qui sera chamboulé par une autre façon d'exposer le même concept.
Contrairement à la diététique classique, l'alternutrition considère le régime alimentaire comme un outil de reconstruction, qui sert aussi d'anti-inflammatoire. En effet, on ne peut aider le corps à se réparer que quand on a calmé l'inflammation. C'est-y pas merveilleux qu'on puisse faire les deux avec un régime bien mené?
Un sujet arthritique pratiquera avec joie et succès un régime de type paléo (par exemple), pour voir en quelques semaines ses douleurs s'atténuer, puis carrément se calmer. L'inflammation est réduite. S'il persiste dans la pratique d'un régime ad hoc, il peut même en arriver à arrondir les angles de ce phénomène dit de vieilllissement naturel: l'arthrose.
Cela vaut pour l'ostéoporose, que, classiquement on peut freiner mais pas inverser. J'affirme sur la foi de mon travail sur le terrain qu'on peut utiliser un régime pour faire reprendre de l'os à une ostéoporotique même après soixante ans. Scintigraphie à l'appui. Je cite ces faits pour faire comprendre l'essence de cette approche diététique, je ne les chanterais pas sur tous les toits, car je vois venir les amateurs de miracle!
Le pitch: dommage que la nutrition classique, via les diététiciennes et les nutritionnistes, ne considèrent le régime que comme outil d'amincissement pour les premières et comme outil secondaire à leur nutrithérapie pour les seconds.
S'il faut positionner mon approche de la pratique de mes amis d'alternutrition: à l'inverse d'eux, je ne conseille pas UN régime pour tous (végé pour certains, paléo pour d'autres, cétogène pour les derniers). Je dispose d'un panel de cures alimentaires et de trois régimes standard, à pratiquer au long cours. Je peux ainsi profiler chaque sujet et lui conseiller LE régime qui lui conviendrait. Libre à lui d'évaluer la justesse de ce choix sur lui. Idem pour le choix d'une cure.