taty lauwers

cuisinez selon votre nature

en quête d'un devenir-soi nutritionnel

J'ai trouvé mon meilleur régime, enfin! C'est si sûr?

18.8.25 Réflexions du matin en vrac sur la dimension du temps en nutri.
Le petit éducateur de rue du net que je suis ne peut faire un billet chaque fois qu'une fake news fait surface en nutrition. J'y passerais ma vie. Je préfère penser les raisons pour lesquelles les profanes tombent dans certains pièges. Aujourd'hui: celui de croire qu'on peut se stabiliser dans des choix alimentaires et, partant, croire en l'une ou l'autre affirmation catégorique par un gourou du moment.

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un prochain livre, ;

à paraître chez Aladdin, par Bibi

Réflexions du matin, en vrac, sur la dimension du temps en nutri. Le petit éducateur de rue du net que je suis ne peut faire un billet chaque fois qu'une fake news fait surface en nutrition. J'y passerais ma vie. Je préfère penser les raisons pour lesquelles les profanes tombent dans certains pièges. Aujourd'hui: celui de croire qu'on peut se stabiliser dans des choix alimentaires et, partant, croire en l'une ou l'autre affirmation catégorique par un gourou du moment.

Pour penser cette idée, je vous invite à écouter le merveilleux généticien de l'écologie Pierre-Henry Gouyon dans sa conférence: "Le vivant au fil du temps"



Spécialiste du sujet, il y démontre en une heure que la biodiversité n'est pas un état figé à conserver, mais un équilibre perpétuellement en mouvement, façonné par des mécanismes complexes.

On va bientôt parler de nutrigénomique sur ce compte, concept qui m'enchante, car il introduit auprès des praticiens et des profanes la notion de singularité. Tant mes topos que mes livres profanes sont conçus autour de ce concept: faire le détective de soi et trouver, parmi les mouvances actuelles en nutri, celle qui convient le mieux. La nutrigénomique, elle, repère le ou les gènes qui permettent d'optimiser la nutrition selon l'individu testé. Selon les résultats, le praticien oriente le mangeur vers l'un ou l'autre type de menus.

Cela rejoint l'approche que je privilégie depuis trente ans, approche qui était jusqu'ici très confidentielle : il n'existe pas un régime idéal pour tous, mais bien un mode alimentaire optimal pour une personne, à un moment donné.

"A un moment donné"... Je paraphrase le discours de Gouyon: *notre rapport à la nutrition* n'est pas un état figé à conserver, mais un équilibre perpétuellement en mouvement, façonné par des mécanismes complexes.

Jean découvrira qu'il se sent beaucoup mieux, qu'il dort mieux, qu'il récupère plus vite depuis qu'il a opté pour un mode bien plus végétarien que les menus breugheliens qu'il consommait tous les jours. Sa femme le suit, avec bonheur, depuis qu'ils ont découvert ce type d'alimentation en pratiquant une Cure antifatigue de quinze jours. Les cures que je propose ne sont que cela: une visite d'appartement-témoin, ce qui est à mes yeux la seule façon efficace de tester sur soi, concrètement, l'utilité d'un choix alimentaire.

Les cures sont limitées dans le temps: 15 à 30 jours, sauf pour les cas graves comme les victimes de maladies auto-immunes, qui ont mis des années à s'installer dans cette dérive organique et qui doivent mettre de longs mois à s'en sortir. Si, après une quinzaine à un mois de cette cure assez extrême, Jean et Jeanne n'avaient ressenti aucun bénéfice ou très peu, il leur aurait été facile de revenir à un mode alimentaire plus courant et de considérer que cette "cure antifatigue" était une passe de drainage, sans plus.

Depuis deux ans qu'ils ont adopté ce mode alimentaire, Jean et sa femme ressentent le besoin d'un petit coup de pouce. "Si on repartait pour une petit cure antifatigue de quinze jours?". Je ne sais combien de fois j'ai reçu ces témoignages: la deuxième fois, les mêmes effets prodigieux n'étaient plus au rendez-vous. Il se peut même que le couple découvre que, finalement, ce type de menus ne leur convient plus et que, tout en restant très "légumes" par rapport à leur vie antérieure, ils doivent rajouter plus de viandes et de volailles pour garder les mêmes bénéfices.

Eh oui! Nous sommes des systèmes dynamiques complexes et nous changeons, de saison en saison ou d'année en année. S'il reste un fond stable, l'environnement ne nous est pas indifférent. Par exemple, je prétends, sur la base de témoignages, dont le mien propre, qu'un prédiabétique peut redevenir insulinosensible (c'est-à-dire normalisé au plan des réactions glycémiques après consommation de sucreries), si l'on fait quelques petites cures espacées d'une forme de Décrochez-des-sucres (ma version d'une cure pauvre en glucides, le temps de se recalibrer). Or, la doxa, même alternative, veut que prédiabétique un jour, prédiabétique toujours.

On oublie trop souvent la dimension du temps, dans nos choix de diètes.

Les habitués des régimes minceur (que je fus dès mes 14 ans) le savent bien: pour la plupart, répéter un régime qui a fonctionné une première fois ne donne plus les mêmes résultats dix ans après. La diète Scarsdale m'a fait perdre dix kilos, que j'ai repris (autre refrain connu des régimeux: on reprend quasi toujours le poids perdu). Il est temps de refaire quelques mois de ce régime, mais voilà qu'on ne perd plus rien. Il faut alors passer au régime Dukan, qui lui-même ne sera plus efficace la fois suivante. On passera alors à la diète 5/2. Ce tourniquet n'en finit pas, sauf pour ceux qui sont restés figés dans le premier régime.

Je ne connais pas de recherches scientifiques sur ce curieux phénomène, mais je ressens intuitivement que l'on devrait plus insister sur le rapport au temps dans nos rapports à la nutri. Concept que l'on semble aussi oublier souvent, en nutrithérapie (l'art des compléments alimentaires). Tant de praticiens prescrivent des supplémentations permanentes: l'un ne jure que par le magnésium, en prise chronique; l'autre par les omégas 3. Cela se comprend, aujourd'hui que quantité de nos congénères prennent, "par sécurité", des statines en permanence. Les médicaments chroniques sont devenus la norme, alors qu'ils ne seraient utiles que le temps de se guérir, non? Cela se comprend, mais on peut s'interroger sur l'impact de ces complémentations chroniques. Si l'on prend l'exemple de la vitamine B12, on a pu valider - "les études ont d'ailleurs dit ..." - qu'après une prise chronique de supplément, dès lors que les mangeurs reviennent à une alimentation carnée, certains d'entre eux n'arrivent plus à métaboliser la B12 naturelle des viandes. J'ai appris chez Ghislaine Gerber, prof' de micronutrition, que la surcomplémentation en molécules de synthèse peut provoquer à la longue des expressions génétiques nouvelles inappropriées - ce qui expliquerait que des sujets deviennent intolérants à certaines catégories alimentaires: les salicylates, par exemple - ce qui est typique des "canaris de la modernité" de mon topo éponyme, qui y sont réactifs de naissance. Or, ces "intolérances" sont typiquement dues à des carences enzymatiques. Serait-ce que la chronicité de complémentation a généré des carences en enzymes essentiels?

NB. "Expressions génétiques nouvelles inappropriées". L'épigénétique, science récente, nous apprend qu'au sein de notre génome personnel, certains gènes sont présents mais silencieux, jusqu'à ce que certains facteurs de l'environnement les réveillent.

Chercheurs, à vos pipettes! Aidez-nous à comprendre ce sujet de l'adaptabilité des mécanismes physiologiques au fil du temps d'une vie d'homme.

Dans cette optique de rapport au temps, on aimerait que plus d'intervenants connaissent mieux l'histoire des diètes, qu'ils peaufinent leur culture générale en la matière. Ils ne seraient plus aussi catégoriques, l'un sur la toxicité supposée des huiles végétale, l'autre sur l'impératif de diminuer les glucides qui seraient tous "toxiques", et pour tous.

Chaque fois que, profane, on est tenté par des annonces flash en nutri, même soutenues par "une étude a dit que", il serait judicieux de repenser l'historique. Dans vingt ans, on rira de la mode actuelle: survanter les omégas3, démoniser la viande ou le lait, conseiller le sans-gluten à tous sans autre détail ni précision ou prétendre, comme l'ont fait récemment les journalistes d'investigation Gary Taubes et Nina Teicholz, que l'ultramanufacturé n'est pas délétère. Ils sont de la religion Carbs*are*villains et ne peuvent donc penser autrement: pour eux, seul l'excès de glucide est toxique.

Dans un autre billet, je referai un petit historique autour de la cétose et des formes possibles pour générer la cétose ("cétogène"), à l'intention des profanes et des praticiens qui n'en connaissent pas les tenants et aboutissants. On verra qu'au regard de l'historique, on pourrait être plus prudent sur les préceptes "tout-céto".

Dans un autre article encore, je traiterai de notre rapport à l'espace: pourquoi vouloir copier mot pour mot les pratiques américaines alors que, sur un plan physiologique, sociologique et psychologique, nous différons - et parfois grandement. Oui, oui, même physiologique! Patience jusqu'à ce que la muse me visite.

En période de chaos informationnel, de pertes de Pères et de repères, il est légitime de chercher refuge dans des certitudes: l'immuabilité de la physiologie ou la parole catégorique d'un gourou, qu'il soit coach ou médecin. Qui sait, d'ailleurs, si cette protection symbolique n'est pas un gage de mieux-être?

Je m'adresse à ceux qui, comme moi, préfèrent repenser leur rapport à la nutri de manière autonome et selon le contexte (temps et espace), puis s'adapter en fonction.

Ce ne sont que quelques réflexions du matin, en vrac, de la part d'une passionnée de nutrition et d'histoire. Je gage que vous trouverez d'autres angles de lecture autour de ce thème "le rapport au temps en nutri". Vous êtes bienvenus de les partager sur mon compte facebook

Rappel, pour aider à penser ce sujet qui me semble crucial du rapport au temps: "Le vivant au fil du temps", conférence de Pierre-Henry Gouyon


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