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27.10.24 Suite des pistes pour un regard latéral sur les dépistages systématiques.
Après les mammos et les dépistages PSA, que penser des dépistages systématiques de cancer du côlon, le 3ème plus courant (trio avec le cancer du sein et celui de la prostate)? Tout patient potentiel, non malade, devrait connaître la validité de ces tests, s'il veut poser un choix en conscience. Un petit tour sur des blogs de médecins généralistes attentifs.
Partie 6 de la série: voir 1
Un test immunologique de dépistage du cancer colorectal est présenté comme une autre panacée depuis dix ans. Une lettre d'invitation serait envoyée à tous les Français de 50 à 74 ans (bonne nouvelle: moins de 30% donnent suite, on a encore du bon sens en France). Ce test permettait de dépister la présence de sang dans les selles, et donc la présence éventuelle d’une tumeur colorectale ou d’une lésion précancéreuse. Un test positif mènerait à une coloscopie, qui validerait ou non le cancer.
On retrouve ici la même surmédicalisation que dans les cas des mammographies systématiques, ce qui génère des angoisses inutiles chez la majorité des patients, alors qu'on pourrait se limiter à un examen dès lors que des signes inquiètent.
Ci-dessous un graphique extrait de l'article chez un “Jeune médecin quinquagénaire”, sous la forme d’une lettre au magazine Prescrire: “Un choix « éclairé » pour le dépistage du cancer colorectal ?”. Ne pas se limiter à ce billet, la verve de ce frais diplômé de 50 ans vaut le détour.
Le soignant qui pousse au dépistage et à la possible coloscopie devrait informer le patient au préalable: cette technique n'est pas anodine dans ses effets. "Il est fréquent après une coloscopie de ressentir des symptômes comme des gaz, des ballonnements, des douleurs abdominales et des crampes. Chez certaines personnes, ces symptômes peuvent persister pendant des semaines et entraîner des modifications permanentes du microbiote intestinal. Environ 40 % des patients peuvent éprouver ces problèmes persistants, qui ont tendance à être plus fréquents chez les femmes, les patients dont la durée de l’intervention est plus longue et ceux qui présentent des maladies préexistantes perturbant déjà le microbiote, comme les maladies inflammatoires de l’intestin (MII)." (...) "Pourquoi les coloscopies épuisent-elles les microbes ? Les laxatifs, la défécation rapide, l’appauvrissement de la couche muqueuse du côlon et l’exposition à l’oxygène pendant la procédure pourraient tous entraîner des changements dans le microbiote d’une personne, selon une revue parue dans Clinical Endoscopy." Lire Alteration in gut microbiota after colonoscopy: proposed mechanisms and the role of probiotic interventions (source des extraits: article d'Epoch Times).
Lire aussi l'analyse d'un autre médecin généraliste attentif (à la retraite), sur l'utilité de ces tests. Il commente un essai randomisé NordICC paru dans le NEJM, essai dont les résultats ne pousseraient pas à vanter ce dépistage.
Je retiens "Le citoyen non malade doit être informé avant toute décision de dépistage du résultat de cet essai NordICC." Ainsi informé, il choisit en conscience, s'il le faut après discussion
avec son médecin.
Il semble que bien d'autres dépistages et contrôles "de routine" soient aussi aléatoires. Un ami d'ami, prof' de pathologie très connu, reconnaissait qu'utilisant pourtant la meilleure batterie d'examens du monde, il était souvent surpris du décès (ou de la survie) de certains sujets. Lire par exemple chez le même “Jeune médecin quinquagénaire” sur le dépistage du diabète: https://30ansplustard.wordpress.com/2017/01/07/le-depistage-du-diabete-2-est-une-mauvaise-idee/ Le refrain: une bonne idée de départ, qui a mal tourné.
J'arrête là le sujet "dépistage du cancer", on passera ensuite au thème même du dossier: les sources d'info sur les traitements possibles.
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