Face à la hausse impressionnante des cas de TDAH (troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité) ces dernières années, on se pose tous la question de savoir si une composante alimentaire ne pourrait expliquer cette épidémie. Les hypothèses de sources environnementales, sociétales et psycho-affectives sont largement évoquées par ailleurs. Je me concentre ici sur l'alimentaire.
J’ai exposé dans « Du gaz dans les neurones » l’hypothèse de la dysbiose intestinale majeure chez ces enfants. J’y ai résumé la pratique de la doctoresse Natasha Campbell, qui s’inspire du régime des glucides spécifiques RGS d’Elaine Gottschall. Avec beaucoup de succès, mais pas des résultats systématiques.
Avec son accord, j’avais traduit en 2000 un de ses exposés initiaux, très complet. Il est à télécharger du site (www.editionsaladdin.com -> Du Gaz-> bonus « Le syndrome GAP selon la doctoresse Campbell »). Il est dans le deuxième chapitre de la version <2010 de mon livre. Il sera repris dans le tome complet à l’intention des référents, alias « la Bible ».
Pour compléter le tableau d’analyse possible par un référent orienté « Profilage alimentaire », j’ai proposé, dans « Canaris de la modernité », d’étudier la piste des enfants qui manifestent des signes de dysbiose et d’hypoglycémie mais qui s’aggravent avec le protocole Campbell au lieu de s’améliorer ou de plafonner.
La source des troubles est dans le foie qui est, chez eux, un mauvais détoxifieur de naissance. Dans le livre, j’ai résumé la pratique du régime Failsafe, médiatisé par Sue Dengate, mais initié au sein du département allergologie du Royal Albert Prince Hospital en Australie. Des « canaris » peuvent survivre non diagnostiqués et vivre une renaissance à soixante ans passés, comme l’illustre le témoignage de Bernard, que j’ai proposé sur le site (www.editionsaladdin.com -> canaris -> bonus).
Lorsque nous sommes confrontés à des enfants, il reste un profil particulier que je n’arrivais pas à décoder, qui échappe à ces deux catégories et qui ne répond pas aussi positivement aux deux protocoles que les autres enfants nerveux.
Grâce à Hertha Hafer, phamarcienne allemande et créatrice de ce qu’on appelle la diète Hafer, nous avons peut-être trouvé une voie supplémentaire. Pour avoir soigné son fils par cette approche, elle a pu valider le fait que certains humains sont plus sensibles aux phosphates que d’autres. Ce déséquilibre organique se traduit par diverses manifestations, en majorité nerveuses et violentes. La solution est donc de travailler sur les doses de phosphate ingérées par l’enfant au quotidien.
Je suis particulièrement touchée par le livre d’Hertha Hafer car j’y retrouve, au travers des innombrables témoignages qui parsèment le livre, mon propre parcours. En lisant les manifestations cliniques du SPO, je revois l’enfant que j’étais et je comprends mieux les réactions radicales de mes parents. Il y a cinquante huit ans, en Afrique, on n’avait pas entendu parler de Dolto, encore moins de Hafer. Par facilité, je me classe lors des séminaires d’audits nutritionnels dans la catégorie des canaris, pour pouvoir traduire ce qu’ils vivent profondément. En fait, je n’ai connu les premières manifestations d’allergie que bien passé l’âge adulte, ce qui est très peu typique des canaris « vrais ». J’ai souvent attribué à l’éviction des additifs alimentaires ma formidable révolution mentale et nerveuse lors du passage à l’alimentation Kousmine à la faveur d’un cancer à quarante ans. Il se pourrait que ce soit simplement la réduction drastique de doses de phosphates.
L’historique personnel de la découverte de madame Hafer en 1976, ses recherches et la pratique de pédiatres et de psychiatres qui suivent la diète Hafer font l’objet de son livre, traduit en français sous le titre « La drogue cachée : les phosphates alimentaires (cause de troubles du comportement, de difficultés scolaires et de délinquance juvénile) ».
Lorsque je citerai des pages extraites du livre, il s’agit de la sixième édition 2006. Il est aussi traduit en italien et en anglais. Détails d’achat en fin d’article.
C’est dans son livre que vous trouverez les polémiques, les recherches, les témoignages, les hypothèses (très pointues !) sur l’impact physiologique d’excès de phosphates sur les personnes fragiles.
Je résumerai ci-après la pratique au quotidien, à l’intention des parents qui veulent soulager leur petit de ce tourbillon intérieur et qui voudraient calmer le jeu au sein de la famille. On comprendra aussi pourquoi le plan sans-laitage ou sans gluten est si efficace mais pourquoi il plafonne souvent si on oublie les phosphates au passage.
Cette piste-ci est particulièrement séduisante: la résolution des troubles est vraiment très rapide. Chez Campbell, les premiers signes de mieux-être surviennent après un premier mois de régime et se stabilisent en deux ans. Chez Failsafe (pour les canaris), il faut tenir un régime de 4 semaines et procéder à un test de provocation qui peut être douloureux pour l’enfant.
Ici : quatre jours de diète et hop ! c’est parti.
Certaines biochimies sont incapables de métaboliser de hautes doses de phosphates alimentaires (chimiques ou naturels). Je ne m’étendrai pas sur les hypothèses de ce phénomène, puisque je ne fais pas une thèse de doctorat.
Je m’adresse aux parents qui veulent s’en sortir et qui veulent soulager leur petit des désagréments majeurs que provoque cet état : au plan nerveux, digestif, dermique…
Ce désordre profond est entrentenu par l’asbsorption d’acide citrique et malique (naturel ou artificiel).
Selon cette approche, l’équilibre est obtenu en pratiquant, outre l’éviction des acides citriques et maliques, une restriction massive des apports de phosphates, qu’ils soient alimentaires chimiques (comme l’émulsifiant E322 ou les phosphates contenus dans les levures chimiques) ou alimentaires naturels (le jaune d’œuf, le lait animal) ou encore extérieurs (les phosphates des eaux de distribution ou des systèmes d’adoucisseurs d’eau). Les sources seront détaillées plus loin.
Une autre solution serait de contrer l’action des phosphates par une intervention chimique chaque fois qu’un repas riche en phosphates est inévitable: Hafer suggère page 115 la prise de calcium-acétate (Ca-Ac). C’est certes plus doux que l’hydroxyde d’aluminium utilisé avant les années ’80, mais c’est tout de même jouer au jeu de fléchettes avec le microcosme humain, si formidablement complexe. Ne serait-ce pas plus judicieux de rééquilibrer leur alimentation vers un plus juste rapport magnésium/calcium ?
Note perso. Je comprends mieux pourquoi, avant ma révolution verte kousminienne, j’étais dépendante du Maalox, un antiacide que j’avais découvert à la faveur d’une de mes nombreuses gastrites. Ce médicament contient de l’hydroxyde d’aluminium et de magnésium. Un physiologiste parmi pourra peut être aussi expliquer pourquoi je me shootais au primpéran (sirop) pour faire face nerveusement aux périodes d’examen à la fac’ ? Je l’avais utilisé pour mes nausées si fréquentes, au départ. Il contient du Métoclopramide chlorhydrate. Ce n’est pas capital, c’est la Miss Marple en moi qui s’amuserait de trouver le lien.
Selon Hafer, l’intoxication aux phosphates serait à la source du SPO : le syndrome psycho-organique ou dysfonction cérébrale minimale.
La littérature scientifique américaine en décrit les manifestations : hyperactivité, faiblesse de concentration et distraction, incapacité de contact ou manque de relation avec les congénères, fixation sur des habitudes, agressions, grande activité motrice (incontrôlée), manque de contrôle des impulsions, déviations émotionnelles (mauvaise humeur et réactions changeantes, labilité élevée, éviction des contacts physiques), parfois pitrerie exacerbée.
Tiens, on dirait mon portrait petite...
Quel psy parmi vous pourra faire le tri entre toutes les dénominations : TDA/H, TADDH, SPO, etc ? Je ne me lance pas dans la danse. Peu me chaut le nom qu’on donne à ce désordre, moins encore me chaut (drôle à écrire !) que des tests scientifiques aient pu valider cette hypothèse, si je peux soulager la vie d’un enfant et de toute sa famille par un test de quatre jours, sans aucun danger pour l’équilibre nutrimentaire du petit.
L’être humain est tout de même une drôle de bête toxique : parce que la faculté n’a pas validé une approche anodine et rapide, on se prive d’un outil supplémentaire dans un arsenal thérapeutique ? La faculté connaîtrait peut être mieux votre enfant, vous qui vivez parfois 24h/24 avec lui? Faites-vous donc confiance. Donnez une chance à cette piste pendant quelques jours: 1/ vérifiez les signes indiqués ci-dessous 2/ s'ils sont positifs, pratiquez la diète de 4 jours 3/ concluez.
Selon Hafer, 20% de la population enfantine serait touchée par l’intoxication aux phosphates. Les garçons sont majoritairement victimes : à cinq contre un par rapport aux filles, ces dernières étant protégées par leurs hormones, selon H. Hafer ( si jeunes??)
Page 123, elle indique en revanche que « sont atteintes par l’’excès de phosphates une personne sur toirs de sexe masculin et environ une sur vingt de sexe féminin ». à vérifier. Quelles sont ses sources ?
Soyons attentifs au phénomène de la voiture rouge : dès qu’on en achète une, on ne voit plus que les propriétaires de voiture rouge. Je pense que, toute brillante qu’elle soit, Hertha Hafer peut être tombée dans le piège de réduire une série d’observations à son filtre perso.
On peut imaginer que 20% des enfants scolarisés posent effectivement un problème comportemental et qu’une grande partie d’entre eux trouverait une solution alimentaire. Parmi ces derniers, une série d’enfants peuvent être simplement victimes de dysbiose (la voie Campbell) ou réactifs aux colorants, aux glutamates ou aux levures (la voie Failsafe). N’oublions pas ces pistes pour autant.
Je citerai ici les critères qui, à mes yeux, permettent de différencier les intoxiqués aux phosphates des enfants hypernerveux qui ressortissent plus du protocole Campbell ou Failsafe. Chez eux aussi, on retrouve les cernes foncés sous les yeux, la digestion défaillante, les angines et bronchites à répétition.
Chez les intoxiqués aux phosphates, que repérer ?
Selon Hafer, un historique de drogue ou d’alcool chez le père serait un indice. Non pour des raisons affectives ou émotionnelles, mais parce que cette sensibilité aux phosphates est héréditaire. Le refuge dans l’alcool ou les paradis artificiels est souvent la seule façon de trouver le calme intérieur chez une victime de SPO.
Selon le docteur Frédérique Caudal, pédiâtre à Dijon (dont je transcrirai le protocole ci-après), les troubles nerveux et les douleurs ont commencé chez le nourrisson quelques semaines après le sevrage maternel.
Plus âgé, l’enfant montre une attirance particulière pour le vinaigre. Vous connaissez le gamin qui adore les cornichons et qui les mange par bocal entier.
Le comportement alterne entre violence et apathie. L’enfant ne tient pas en place, ne tient pas sa parole, incapable d’obéir malgré sa bonne volonté.
Il peut connaître des céphalées déjà très jeune.
Ces enfants sont souvent déscolarisés, car ils sont ingérables par l’instituteur.
Ils sont « poussés par quelque chose de plus fort qu’eux ». En anglais, on dit qu’ils « act like driven ». Vous connaissez certainement l’enfant qui veut obéir, mais qui vout dit « l’autre ne veut pas ».
Comme pour les autres approches que je résume dans mes livres, on ne peut voir à l’œil nu l’influence de l’acide phosphorique du coca sur le comportement d’un gamin tant qu’il est globalement intoxiqué. Il faut d’abord « nettoyer les circuits », ce qui permettra d’observer plus finement les aliments qui posent problème.
On analysera leur historique en tant qu’enfant et on évaluera si, à l’adolescence, des troubles majeurs ont surgi. Majeurs signifie bien plus problématiques que pour les autres ados. Dans son livre, Hertha Hafer investigue la physiologie du bouleversement hormonal sur la sensibilité aux phosphates. Je transmettrai cela dans mes notes de lecture, la semaine prochaine.
Outre l’analyse de leur historique infantile, le dr Caudal nous signale que ces adultes ont des maux de tête violents après avoir bu du vin blanc d’Alsace, dont les terres sont très phosphatées.
Si vous soupçonnez un enfant d’être un SPO/phosphate, comment valider cette piste ?
Selon Hafer, le pH salivaire, évalué à jeûn le matin, indiquerait une sensibilité dès qu’il dépasse la valeur de 7. Il peut parfois passer en zone franchement alcaline (jusqu’à 9). Le pH ordinaire doit être entre 6.5 et 7.
Appel aux physiologistes: ces valeurs sont-elles avérées? Le pH salivaire normal n'est-il pas de 7 à 7.4?
Procurez-vous des tigettes en pharmacie ou auprès d’un ami chimiste.
Les petites bandes de papier réactif, simples et peu chères, sont désormais introuvables chez nous. J’ai cherché en pharmacie, en droguerie, en jardinerie, en magasin d’accessoires de piscines, en rayon aquariophilie, car j’en utilise beaucoup dans mes recherches de teintures végétales. Je n’en ai trouvé de peu chères que sur amazon, hélas ! Hélas car on connaît les pratiques de cette société et deux fois hélas ! car ces bandelettes proviennent de Chine. https://www.amazon.fr/BOITE-PAPIER-INDICATEUR-PHMETRE-TESTEUR/dp/B00AT5WD24/ref=pd_cp_hpc_0
prix: 2€ (+ 0€ frais de port si livraison en France) pour 160 bandelettes (qu’on peut diviser en plusieurs morceaux, ce que je fais pour mes innombrables tests en macérations pour teintures végétales), à comparer aux 20€ que j'aurais payé en pharmacie.
On peut aussi faire boire aux enfants ce que, selon le docteur Caudal, ils appellent « la potion magique » : du vinaigre de vin dilué dans de l’eau. S’ils boivent volontiers, ils sont probablement intoxiqués car l’acide acétique est l’antidote des phosphates.
Le vinaigre de cidre ne convient pas. Il contient de l’acide malique, qui perturbe autant la biochimie que les phosphates ; tout comme l’acide citrique qui est un autre grand interdit dans cette cure.
Organisez pour l’enfant une assiette pauvre en phosphates, en acide citrique et en acide malique pendant une semaine. Observez les changements.
Ma fille a fait un lapsus d'écoute lorsque j'en parlais à table: "la diète à faire"? Lapsus bienvenu, car c'est une diète qu'il ne coûte rien d'essayer, assez facile à pratiquer en famille (en institution, ça se discute!) et qui ne peut que faire du bien puisqu'on évite pas mal de cochonneries.
Ne commencez que si le test salivaire et potion magique est valide. Ne jouez pas avec votre petit, m'enfin! Il pourrait ressortir à un autre protocole, n'en essayez pas à l'aveugle.
Pendant le test, ne cumulez pas tous les conseils glanés au long de vos recherches. Ne testez QUE les phosphates.
Si possible, ne continuez pas pendant le test les compléments alimentaires, ils risquent de fausser la donne. Refrain connu pour tous les tests de "provocation".
La liste positive. Cette assiette comprendra donc :
NB. L’avoine est interdit pourquoi précisément? On sait qu'il a un taux de phosphore élevé par rapport au calcium (5 à 1), mais de là à le mettre radicalement de côté? J'appelle à l'aide les biochimistes qui pourraient m'aider, je n'ai pas trouvé d'explication dans le livre de H. Hafer.
Parmi les nourritures vraies sont donc exclus les poissons, les oléagineux (noix & Cie), les châtaignes et les légumineuses (lentilles, soja & Cie).
Le cas des desserts: n’en privez pas les petits pendant la cure. Les douceurs doivent répondre à certaines règles simples (mais contraignantes pour les acheteurs de produits de dépannage).
Gâteaux et biscuits. Ils doivent contenir le moins de jaunes d’œufs possible. Ils doivent être fabriqués sans lécithine ni poudre de lait ni levure chimique.
Dans « Desserts Ressourçants en Famille », où je transmets des recettes simplifiées pour les parents peu cuisiniers qui devraient soigner un enfant hyperactif/hypernerveux, j’utilise le bicarbonate de soude ou la crème de tarte comme agent levant. Ils doivent être exempts d’oléagineux (les desserts dans ce livre sont réalisés avec de la farine d’épeautre claire).
La farine doit être ordinaire, car les mélanges à gâteaux prêts à l’emploi contiennent des phosphates.
Les substituts de desserts « à la paléo/Gaps » à base de farine d’amande ou de tournesol sont exclus.
La noix de coco râpée est autorisée (voir ma recette de « Rochers de coco » au blancs d’œufs et à la coco râpée, que je publierai bientôt sur ce blog).
Farines complètes. Je dois encore interroger soit le dr Caudal soit H. Hafer sur le cas des céréales complètes. Dans les régimes pauvres en phosphore pour malades rénaux, les céréales complètes sont interdites.
Chocolat. Je dois encore éclaircir ce fait: le chocolat est-il exclu à cause de sa teneur en lécithine ou serait-il riche en phosphates? Dans le premier cas, solution facile: acheter en bio, car ils sont souvent sans lécithine ajoutée. En artisanal aussi, mais ils coûtent 5€ les cent grammes.
Crèmes. Réaliser les crèmes glacées à la crème et non au lait animal ou végétal ; faire des sorbets au jus de fruits ou à la purée de fruits (hors agrumes). Voir mes recettes de Semifreddo et Crème aux fraises. Confectionner les flans ou les crèmes brûlées à base de crème uniquement. Ce sera divin, les enfants ! Miam !
Pain. Il devrait être réalisé à la levure de boulanger ou, mieux, au levain vrai. Pas de levure chimique aux phosphates.
Liste négative. Au plan des aliments de dépannage, il faudra éviter les sources de phosphates via les additifs et ajouts alimentaires.
Les phosphates se trouvent au naturel dans certains aliments. La réactivité est en tout point similaire aux phosphates artificiels. Il s’agit des aliments suivants, quelle que soit leur production, bio ou pas, maison ou pas :
La diète interdit aussi « les boissons alcoolisées, même la bière de malt », mais n’indique pas pourquoi.
Il faudrait aussi évaluer l’apport de phosphates par adoucisseur d’eau, par médicaments interposés (voir la notice).
A vérifier. Rien d’indiqué dans le livre sur les phosphates dans les produits d’entretien ? dans les eaux de distribution ? dans les chairs d'animaux nourris sur des terres trop phosphatées? Lorsque j'ai entendu les doses de phosphates que le fermier épandait sur les prairies qui servaient de garde-manger à mon cheval, je l'ai vite changé de crèmerie!
Je demanderai dans un prochain interview de la doctoresse Caudal ou j’essaierai de joindre Hertha Hafer.
Si le résultat est positif dans la semaine, il faudra continuer la diète longtemps. Hafer propose sagement de mettre toute la famille au même régime, afin que l’enfant ne se sente pas à nouveau exclu du groupe.
Si l’enfant doit manger « comme tout le monde » lors d’une fête, d’un anniversaire ou à la cantine, on utilisera en antipoison de la dolomite. Celle-ci est riche en calcium et en magnésium, mélange qui provoque la précipitation des phosphates en composé neutre. On dilue la dolomite dans une compote de fruits, par exemple.
Un autre antipoison est l’acide acétique du vinaigre de vin.
En diète permanente, il ne s’agit pas d’éliminer totalement les phosphates naturels, mais de les sous-doser. Selon le dr Caudal, on peut adapter les doses au quotidien. Quelques exemples.
Éliminer les phosphates provenant des aliments de dépannage est tout à fait faisable pour toute la famille, c’est même un plan infiniment plus sain ! Les phosphates sont cruciaux pour l’organisme humain. Certes. Il n’est pas nécessaire d’en absorber trois fois la dose prévue par la nature.
Hafer insiste sur le fait que c’est un désordre installé à vie alors que le docteur Caudal affirme que certains de ses patients sont « guéris » de cette sensibilité.
Mon expérience perso. Je tendrais à croire que, malgré ma foi absolue dans la force de l’épigénétique, la sensibilité reste présente. J’ai beau avoir atteint à près de soixante ans un équilibre minéral et vitaminique optimal, trouvé le régime idéal pour moi, ici et maintenant, je réagis encore fortement à des plats cuisinés à base de produits additivés (chez des amis, au restau qu’il soit étoilé ou pas, si j’ai oublié de prendre du bicarbonate de soude en prévention). Ce n’est pas de l’ordre de l’allergie. Je n’ai plus de montées de rage comme avant, mais je vis ce que j’appelle « un recâblage électrique profond » qui fait que je ne peux de nouveau plus communiquer avec le monde (sauf avec mon mari ou via internet), je ne contrôle plus bien mes mouvements et je me cogne à tous les coins de table, j’ai des bouffées de chaleur et de sueur. Je reste couchée une journée, à la diète, et je me remets. Je résume cela à mes proches en clin d’œil : « j’ai de nouveau mal aux cellules ». Ah ! si elles pouvaient saigner, on me plaindrait…. Je pense que cela pourrait tout simplement être une réactivité aux phosphates rallumée par un dépassement de mon seuil. Au quotidien, non seulement, je n’en prends quasi plus mais j’ai une alimentation riche en magnésium et en calcium biodisponible, qui fonctionne à mon avis en antidote aux quelques phosphates que j’absorbe.
En France, la diète est peu connue. Le docteur Frédérique Caudal (Dijon) la pratique avec succès, depuis 2003 pour certains enfants nerveux de sa patientèle. Passionnée de biochimie depuis ses études de médecin, elle a peaufiné ses connaissances par un diplôme en micronutrition à la Faculté de Poitiers en 2008. Sa thèse (disponible en téléchargement via https://capsante71.org/WordPress3/wp-content/uploads/2012/11/implication-de-la-diete-phosphatee.pdf) porte sur le sujet des intoxiqués aux phosphates.
Depuis dix ans, elle a réuni 450 dossiers d’enfants soignés par cette diète. Aucun de ses confrères ne semble intéressé par cette piste Hafer. A sa connaissance, aucun autre pédiâtre en France ne pratique la diète.
S’inspirant du livre « La solution magnésium » du docteur Mousain-Bosc, préfacé par le dr Curtay, le dr Caudal a rajouté à l’approche Hafer la complémentation au quotidien de hautes doses d’omega 3 sous la forme d’huile de cameline (teneur de 45% en omega3) et de magnésium sous la forme de ?? (oublié de demander, je corrigerai après l’avoir appelée, mais je suppose qu’elle suit le protocole du dr Curtay).
Je connais comme produit largement recommandé par les homéos/nutris en Belgique:
Ergymag de Nutergia (Carbonate de magnésium, citrates de calcium et de potassium, vitamines B1, B3, B5, B6, stéarate de magnésium végétal)
ou Dstress (magnésium et série de vitamines B, magnésium sous forme de glycérophosphates?).
Clin d'oeil perso: la prescription de magnésium en naturoland est l'équivalent, en classique, de la prescription quasi systématique d'anti-inflammatoire au sortir d'une consultation. Et pourtant, il y en a tant dans l'alimentaire à qui veut bien cuisiner!
Le protocole doit être tenu six mois selon elle, durée après laquelle elle observe que les enfants ne sont plus sensibles aux phosphates ; alors que, selon Hafer, cette hypersensitivité aux phosphates est génétiquement codée.
Après ces six premiers mois -- tout se discute au cas par cas, bien sûr, selon l’évolution de l’enfant --, les prises d’oméga3 et de magnésium peuvent être espacées. Par exemple, les compléments de magnésium sont limités à un mois tous les trois mois. L’huile de cameline n’est plus utilisée qu’épisodiquement.
La première surprise du docteur Caudal : dès les premiers bénéfices de la diète, ce sont les enfants eux-mêmes qui se prennent en charge. Ils reconnaissent que c’était « l’autre » qui désobéissait, qui tapait, qui rageait. « L’autre » n’est plus actif en eux.
La deuxième surprise : ce phénomène est réversible. Après six mois de diète pauvre en phosphates et de surcharge en oméga3/magnésium, la pédiâtre a pu observer que les enfants ne rechutent pas dans leurs anciens troubles lorsque, par hasard, ils boivent un coca ou un jus d’orange ou qu’ils mangent un morceau de cake tout venant, tous aliments trop riches en phosphates – et cela, sans avoir pris les précautions nécessaires.
Selon le dr Caudal, la part de la diète la plus difficile à suivre est l’éviction des produits laitiers, tant les parents sont endoctrinés à croire en leurs vertus calciques et protéiques.
Dans les semaines qui suivent, je creuserai quelques pistes avec votre aide à tous. Je publierai sur ce blog spécial phosphates sur mon site perso www.taty.be, via la page « Canaris ». Nous y échangerons nos points de vue.
1. Régime sans gluten, sans laitage et sans soja. L’efficacité de ce régime dans les premiers mois ne tient-elle pas au fait qu’on y évite en majorité les phosphates ? J’ai souvent fait faire aux sceptiques le test de réintroduire du gluten sous forme de crêpe faite maison. Généralement : pas de souci. C’est lorsqu’on réintroduit le pain ou les gâteaux/biscuits que les manifestations surgissent à nouveau. J’avais émis l’hypothèse qu’il s’agissait plus d’une réactivité aux levures, de type levurose, qu’une « allergie retardée » au gluten. Cela pourrait tout simplement indiquer une sensibilité aux phosphates des levures chimiques.
2.L’impact des nourritures vraies. Le fait de manger une alimentation sans aucun additif, composée d’aliments frais cuisinés maison, en variété et en rotations – ce que j’appelle « l’assiette ressourçante » dans mon topo « Nourritures vraies » (xxx), et qui est une des « cures » que je propose - permet de calmer l’eczéma, les troubles nerveux, dermiques et digestifs en quelques mois, sans compléments alimentaires. Serait-ce parce qu’on rétablit la balance globale des minéraux et qu’on diminue ainsi l’impact des phosphates au plan cellulaire ?
3. Laitages de lait cru. Serait-ce que le fait de choisir les laitages exclusivement de lait cru et fermentés permette que le calcium soit biodisponible en doses telles que les phosphates soient neutralisés? La dose de réactivité est minime chez une personne sensible : 75 mg par jour.
Hertha Hafer relate que les premiers signes de SPO ont été repérés par des cliniciens dès 1902. Auparavant, pas de trace de SPO dans la littérature médicale…
4. Charge en oméga 3. Le protocole du docteur Caudal surcharge la voie des omégas 3 pendant les six premiers mois. Le corps humain dispose de plusieurs voies pour métaboliser les acides gras. Le fait de surcharger temporairement en omégas3 est peut être une bonne idée, mais à long terme, cela entrave la voie des omégas6, entre autres (voir extrait de mon topo « Pour qui sonne le gras » via le site www.editionsaladdin.com, article « xxx »). J’ai émis l’hypothèse par ailleurs que l’efficacité de ce protocole tient peut être au fait qu’à l’analyse des menus, on se rend compte que ces omégas3 sont les seules graisses originelles, crues et nues, utilisables par l’organisme. Si cela était juste, on pourrait autant aider les petits avec du beurre fermier de lait cru (bio si possible) ou de la graisse de coco, ces deux matières grasses étant les plus faciles à métaboliser parmi toutes les graisses.
5. Je fais appel aux plus pointus en physiologie d’entre vous, que vous ayiez suivi mes séminaires ou que vous soyiez lecteur du site ou des topos. Il faudrait qu’une personne avisée relise le livre d’Hertha Hafer avec un regard scientifique critique et ouvert.
Certaines affirmations me semblent un peu péremptoires, comme « le lait maternel est six fois plus pauvre en phosphates que les laits animaux ». Qu’est-ce à dire ? Quel lait maternel ? D’une maman bio ou d’une maman McDo ? Les phosphates sont-ils transmis dans le lait maternel ? On pourrait alors mieux s’expliquer le nombre très élevé de « pseudo-allergies » des nourrissons au lait maternel actuellement.
Malgré ma passion d’ado pour la biochimie, je ne suis qu’interprète de conférences. Je ne dispose pas des connaissances suffisantes pour évaluer la justesse de sa recherche.
Dans mes autres topos, je fais appel à des intermédiaires, qui sont des chercheurs pointus assez humbles pour s’adresser au vulgum pecus que nous sommes : Mary Enig, Raymond Peat, Chris Masterjohn, Peter du blog Hyperlipid,etc. Dans ce cas-ci, je n’ai pas encore trouvé la perle rare.
1. Dans un prochain article, j’exposerai pourquoi la présence des phosphates dans l’alimentation a augmenté de 300% depuis les années soixante. Je transcrirai mes notes de lecture du livre de H. Hafer.
2. J’essaierai de résumer pourquoi le cycle de Krebs est perturbé par les phospates ET par l’acide citrique et malique, chez ces personnes fragiles.
3. Je ferai l’inventaire des praticiens qui utilisent cette méthode, en Belgique, en France et ailleurs.
4. Je lancerai une initiative pour la création d’un groupe de parents motivés (un GPM).
Ce groupe de parents motivés pourrait se réunir et repérer, dans les rayons des grandes surfaces, quels aliments de quelles marques les plus courants sont exempts de phosphates. Je publierais en livrel (ebook) cette liste mise à jour régulièrement, afin que les autres parents aient un accès facile à ces infos.
NB. Il existe une application I-phone qui permet de voir à l'écran la composition détaillée en additifs des produits. Une personne m'en a fait une démonstration dans un Carrefour l'année passée. Si l'un de vous la connaît? Et peut la tester pour la teneur en phosphates....
Tableau extrait du site www.phosadd.com, site australien en anglais, dédié à la diète Hafer
List A - Additives with phosphate components - Europe and Australasia
On European food labels the number will be prefixed by the letter 'E' |
101 |
Riboflavin-5'-phosphate sodium |
240 |
Potassium phosphate monobasic |
338 |
Orthophosphoric acid |
339 |
Disodium hydrogen orthophosphate |
341 |
Acid calcium phosphate |
343 |
Magnesium hydrogen phosphate |
442 |
Ammonium phosphatides |
450 |
Acid sodium pyrophosphate |
450(a) |
Ammonium phosphate dibasic |
450(a) |
Ammonium phosphate monobasic |
540 |
Dicalcium diphosphate |
541 |
Sodium aluminium phosphate, acidic |
542 |
Bone phosphate, edible |
544 |
Calcium polyphosphates |
545 |
Ammonium polyphosphates Polyphosphates, ammonium |
627 |
Guanosine 5' - (disodium phosphate) |
631 |
Inosine 5' - (disodium phosphate) |
1410 |
Monostarch phosphate |
1412 |
Distarch phosphate |
1413 |
Phosphated distarch phosphate |
1414 |
Acetylated distarch phosphate |
1442 |
Hydroxypropyl distarch phosphate |
|